Les échanges de tirs étaient intenses entre rebelles et forces kadhafistes, samedi, dans la ville pétrolière très disputée de Brega. À proximité, un raid de la coalition a frappé des insurgés, faisant au moins 13 morts.
REUTERS - Treize rebelles ont péri vendredi soir dans un raid qualifié de "regrettable incident" par la coalition internationale sur le front de l'Est libyen où les forces loyalistes ont à nouveau progressé samedi.
Une frappe a touché vers 22h00 (20h00 GMT) un groupe d'insurgés près de la ville pétrolière de Brega, faisant 13 morts selon des combattants rebelles qui ont assisté à la scène.
Un journaliste de Reuters a pu voir les épaves calcinées d'au moins quatre véhicules, dont une ambulance, sur le bas-côté de la route qui mène à l'entrée Est du port. ([ID:nLDE73105A])
L'Otan, qui dirige depuis le début de la semaine les opérations militaires engagées le 19 mars par la France, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, a dit vérifier l'information. "L'Otan est toujours préoccupée par les informations faisant état de victimes civiles", a déclaré un porte-parole de l'Alliance à Bruxelles.
Selon des éléments préliminaires, des partisans de Kadhafi se seraient infiltrés parmi les rebelles et auraient ouvert le feu en direction des avions qui auraient riposté. "Les rebelles ont tiré en l'air et l'alliance est venue et a bombardé. C'est de notre faute", a dit un combattant.
Les dirigeants de l'insurrection ont déploré un accident malheureux mais aussitôt appelé à la poursuite des frappes aériennes contre les forces loyalistes qui ont de nouveau repoussé les insurgés à l'est de Brega à l'aide de mortiers et mitrailleuses lourdes.
"Il faut regarder le tableau d'ensemble. Des erreurs se produiront. Nous essayons de nous débarrasser de Kadhafi et il y aura des pertes, même si à l'évidence, cela ne nous fait pas plaisir", a déclaré Moustafa Gheriani, porte-parole des rebelles dans le fief de Benghazi.
La progression rapide des troupes kadhafistes a contraint samedi des centaines de combattants antigouvernementaux à faire demi-tour vers Ajdabiah, effaçant deux jours de gains territoriaux.
Situation "plus calme" à Misrata
Les forces fidèles à Mouammar Kadhafi ont tiré des roquettes sur Brega durant la nuit et des combats se poursuivaient samedi matin à l'ouest de la localité, près de l'université.
Mais à l'entrée Est de la ville, de nombreux "chebab", les jeunes combattants insurgés, se sont précipités dans leurs véhicules pour prendre la fuite après avoir subi des tirs nourris des forces adverses.
Brega est l'une des villes pétrolières qui essaiment sur la route côtière longeant le golfe de Syrte et font l'objet d'une lutte acharnée entre les deux camps.
L'enlisement de la campagne sur le front de l'Est laisse les régions encore tenues par les rebelles à l'ouest, essentiellement la ville de Misrata à 200 km à l'est de Tripoli, dans une situation difficile.
Un médecin installé en Grande-Bretagne, arrivé à Misrata il y a trois jours avec une mission humanitaire, a dit que 160 personnes, principalement des civils, ont été tuées au cours de la semaine écoulée.
Le médecin a dit ne pas disposer de chiffre global concernant les tués depuis le début de l'insurrection il y a six semaines mais entre 100 et 140 tués sont à déplorer chaque semaine.
Il a toutefois ajouté que la ville, soumise la veille à d'intenses bombardements, était plus calme samedi. "Les gens sont un peu soulagés", a-t-il dit.
La télévision d'Etat libyenne a fait état de bombardements par les forces de la coalition de cibles civiles et militaires vendredi soir dans l'ouest de la Libye, à Khoms, située entre Tripoli et Misrata, et à Arroudjban, dans le Sud-Ouest.
Le gouvernement a rejeté vendredi une offre de cessez-le-feu conditionnel présentée par le Conseil national de transition, l'instance de représentation des rebelles mise en place à Benghazi. Les insurgés avaient posé comme conditions le départ du pays de Mouammar Kadhafi et le retrait des forces loyalistes des localités qu'elles contrôlent.
"On nous demande de quitter nos propres villes (...). Si cela n'est pas de la folie pure, je ne m'y connais pas", a déclaré Moussa Ibrahim, porte-parole du gouvernement.