Les combats entre les forces fidèles à Alassane Ouattara et les partisans de Laurent Gbagbo ont duré toute la nuit de jeudi à vendredi dans la capitale économique. Les affrontements se concentrent autour de la résidence du président sortant.
Alassane Ouattara touche enfin au but. Quatre mois après le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître sa victoire dans les urnes, à l'occasion de la présidentielle du 28 novembre, le président ivoirien reconnu par la quasi-totalité de la communauté internationale est en passe de l’emporter sur le terrain militaire.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, des combats à l’arme lourde se sont déroulés dans plusieurs quartiers d’Abidjan, la capitale économique du pays. Les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI), fidèles à Ouattara, ont d’abord pris le contrôle du siège de la Radiotélévision ivoirienne (RTI), dans le quartier de Cocody, avant de lancer l’offensive sur la cité Mermoz, où sont rassemblés de nombreux Jeunes patriotes favorables à Laurent Gbagbo.
Une nuit de violence
Les violences ont duré "toute la nuit, jusqu'à maintenant, raconte un observateur de FRANCE 24. Actuellement, tout le monde est terré chez lui et on n'ose pas sortir", poursuit-il.
itLes pro-Ouattara concentrent à présent leur offensive sur la résidence du chef de l’État sortant et sur le palais présidentiel. Des heurts les ont opposés à ses gardes du corps, dernier rempart de sa sécurité.
La fin semble donc proche pour Laurent Gbagbo. Politiquement du moins, car Alassane Ouattara a promis de respecter "l’intégrité physique" de son rival.
Le blocus de l’hôtel du Golf levé
Jeudi, Laurent Gbagbo, qui dirige la Côte d'Ivoire depuis plus de 10 ans, a connu une journée noire. Plusieurs des hommes qui le soutenaient ont fait défection. Il a notamment été lâché par le général Philippe Mangou, chef d’état-major de l'armée ivoirienne, qui s’est réfugié à la résidence de l'ambassadeur d'Afrique du Sud en Côte d'Ivoire.
En parallèle, une partie des forces de police et de gendarmerie a rallié Alassane Ouattara, qui les a encouragés à rejoindre les FRCI.
Plus que jamais en position de force, les pro-Ouattara ont levé les barricades qui protégeaient l’hôtel du Golf, où le président élu et ses proches étaient retranchés depuis le 28 novembre 2010. Le gouvernement du Premier ministre Guillaume Soro a décrété un couvre-feu nocturne et la fermeture de toutes les frontières. Il a également reçu un coup de pouce de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci), qui a pris le contrôle de l’aéroport d’Abidjan. Les soldats français de l’opération Licorne se sont, quant à eux, déployés dans les quartiers de la ville où vivent les expatriés français.
itLes craintes d’un bain de sang à Abidjan se dissipent quelque peu à mesure que les forces de Laurent Gbagbo s’amenuisent. Amnesty International redoute toutefois des "violations massives des droits de l’Homme" dans les prochaines heures, qui devraient être marquées par la conclusion de la grande offensive militaire des pro-Ouattara lancée lundi à partir du nord du pays. Le bilan des quatre mois de la crise post-électorale ivoirienne s’élève à près de 500 morts, selon l’ONU.