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Obama fixe les enjeux et les limites de l'engagement américain

Les Etats-Unis doivent agir quand "leurs intérêts et leurs valeurs" sont menacés, a déclaré lundi le président Barack Obama pour justifier l'intervention américaine en Libye.

REUTERS - Barack Obama, dans un discours consacré à la situation en Libye, a déclaré lundi que les Etats-Unis allaient, de concert avec leurs alliés, s'efforcer de hâter le jour où Mouammar Kadhafi devra quitter le pouvoir, mais il a souligné qu'ils n'utiliseraient pas directement la force pour le renverser.

Dans une allocution télévisée à la nation, le président américain, accusé par nombre de membres du Congrès de ne pas avoir bien expliqué le rôle de Washington dans la coalition internationale, a défendu sa décision d'intervenir militaire dans le conflit libyen.

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Dans le même temps, il a précisé les limites de l'action des Etats-Unis et s'est employé à contrer l'impression qu'il n'avait ni objectifs clairs ni stratégie crédible de sortie du conflit.

"Depuis des générations, les Etats-Unis jouent un rôle unique comme point d'ancrage de la sécurité internationale et défendent les libertés fondamentales. Ayant à l'esprit les risques et les coûts d'une intervention militaire, nous sommes bien sûr réticents à recourir à la force pour résoudre les nombreux problèmes de la planète. Mais quand nos intérêts et valeurs sont en jeu, nous avons la responsabilité d'agir. C'est ce qui s'est produit en Libye au cours des six dernières semaines", a affirmé le président.

"La Libye se trouve directement entre la Tunisie et l'Egypte, deux pays qui ont inspiré le monde entier lorsque leurs peuples se sont dressés pour prendre en main leur destinée. Depuis plus de 40 ans, le peuple libyen est dirigé par un tyran, Mouammar Kadhafi. Il prive son peuple de toute liberté, exploite ses richesses, assassine ses opposants chez lui comme à l'étranger, et terrorise des innocents dans le monde entier - y compris des Américains qui ont été tués par des agents libyens".

KADHAFI NE PARTIRA PAS "DU JOUR AU LENDEMAIN"

"Ce soir, je suis en mesure de dire que nous avons stoppé la progression meurtrière de Kadhafi", a-t-il dit devant un parterre d'officiers à l'université nationale de défense à Washington, 10 jours après avoir ordonné que les Etats-Unis participent à l'opération "Aube de l'Odyssée".

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"Nous avons frappé les défenses antiaériennes (de Kadhafi), ce qui a permis l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne. Nous avons visé les chars et autres forces qui étranglaient les villes, et nous avons coupé dans une large mesure les lignes de ravitaillement", a-t-il précisé.

Le président américain a dit en outre que la passation du commandement des Etats-Unis à l'Otan interviendrait mercredi.

"Nous priverons le régime de toute arme, interromprons ses sources de revenus, aiderons l'opposition, et nous nous emploierons, avec les autres pays, à hâter le jour où Kadhafi quittera le pouvoir", a continué le président américain.

Cela, a-t-il souligné, "ne se fera pas du jour au lendemain", et il a admis que Kadhafi pourrait être en mesure de s'accrocher au pouvoir. "Elargir notre mission militaire à un changement de régime serait une erreur", a-t-il toutefois fait remarquer.

Obama s'est exprimé à la veille de la conférence prévue ce mardi à Londres en présence de 35 pays sur la situation en Libye.

L'enjeu du discours d'Obama était de définir et bien circonscrire l'objectif et l'étendue de la mission des Etats-Unis en Libye, pour être compris des Américains, préoccupés par les difficultés économiques intérieures, et qui voient déjà d'un mauvais oeil les coûts des guerres en Irak et en Afghanistan.