Malgré la pression de la rue et les désaveux de religieux et de chefs tribaux, le président du Yémen, Ali Abdallah Saleh, a réaffirmé qu'il ne céderait pas les rênes du pouvoir qu'il détient depuis trente-deux ans.
AFP - Le président yéménite Ali Abdallah Saleh a réaffirmé samedi son intention de ne pas céder le pouvoir, près de deux mois après le début de la contestation qui demande avec insistance son départ.
"Nous sommes toujours là, solides comme un roc, et nous ne serons pas ébranlés par les événements", a déclaré M. Saleh devant des notables, ne montrant aucun signe de lâcher les rênes d'un pouvoir qu'il détient depuis 32 ans.
"Notre peuple a surmonté par le passé des tas d'obstacles et il sortira plus fort de l'épreuve actuelle", a assuré le chef de l'Etat contesté dans la rue et qui a perdu le soutien d'une partie de l'armée, des religieux et des tribus.
M. Saleh a accusé les islamistes et l'opposition parlementaire d'avoir provoqué une pénurie de gaz et de carburant dans le pays "en coupant les routes" et une pénurie d'électricité en "sciant les pylônes de haute tension".
Le parti présidentiel du Congrès populaire général (CPG) a déjà jugé "inacceptable" un départ de M. Saleh qui a déclaré vendredi devant ses partisans vouloir "résister" aux pressions de la rue et de ses opposants.
Le porte-parole du CPG, Tarek al-Chami a affirmé samedi à l'AFP que "le pouvoir ne sera remis qu'à celui que choisira le peuple à travers des élections, le seul moyen pour une transition pacifique du pouvoir".
Le bureau politique du CPG a indiqué quant à lui, selon l'agence officielle Saba, s'être réuni vendredi sous la présidence de M. Saleh, pour passer "en revue les positions obstinées du parti Al-Islah (islamiste) et de ses alliés (...) qui ont fermé la porte du dialogue et cherché l'escalade".
Parmi ces alliés, le bureau politique a cité les partis de l'opposition parlementaire, la rébellion chiite du nord du Yémen et le réseau Al-Qaïda.
La manifestation de soutien au président Saleh, organisée vendredi à Sanaa parallèlement à celle des protestataires, exprime "l'attachement (du peuple) à la légalité constitutionnelle", a estimé le bureau politique.
De plus en plus isolé, après le désaveu de religieux et de chefs tribaux, M. Saleh a affirmé vendredi qu'il n'était pas disposé à céder le pouvoir à des opposants qu'il a qualifiés "d'aventuriers et de comploteurs".
Une tentative de conciliation entre M. Saleh et l'homme fort de l'armée, le général Mohsen Ali al Ahmar, qui a rallié la contestation, a "échoué à désamorcer la crise ou à rapprocher leurs points de vue", avait indiqué vendredi à l'AFP une source proche des discussions.
Dans le sud, le quotidien "14 Octobre", qui était le porte-voix du régime yéménite à Aden mais avait cessé de paraître mardi, est réapparu samedi dans les kiosques en prenant la défense du mouvement de la contestation.
"Les manifestations de l'opposition crient des slogans demandant la chute du régime", titre le quotidien qui avait cessé de paraître mardi quand sa rédaction a refusé les consignes du ministère de l'Information.
Aden, qui était la capitale de l'ancien Yémen du Sud avant l'unification du pays en 1990, est plus libérale que Sanaa, la capitale, et la ville est à la pointe de la contestation contre le régime.
Toujours dans le sud, six membres présumés d'Al-Qaïda ont été tués samedi dans un accrochage avec l'armée dans la province d'Abyane, un bastion du réseau extrémiste.
"Des activistes d'Al-Qaïda ont lancé samedi à l'aube une attaque armée contre une unité militaire en faction près d'une centrale électrique à Loder. Les militaires ont riposté, tuant six assaillants", a déclaré une source au sein des services de sécurité, un bilan confirmé de source médicale.
Certaines régions du Yémen, notamment dans le sud, échappent de plus en plus au contrôle du pouvoir central, notamment après la défection de chefs de l'armée ayant rejoint le mouvement réclamant le départ du président Saleh.