L'Union européenne et le FMI devraient bientôt proposer un plan de soutien financier au Portugal. Après la Grèce et l’Irlande, c’est la troisième fois que Bruxelles doit intervenir. Mais les fonds de l'UE ne sont pas illimités...
Le Portugal s’est réveillé, ce jeudi, sans gouvernement mais toujours avec des dettes qu'il peine à honorer. Jusqu'alors peu enclin à demander l'aumône, Lisbonne devrait, selon les spécialistes, officiellement solliciter une aide financière à l’Union européenne (UE) et au Fonds monétaire international (FMI).
"Si l’opposition a voté contre le plan d’austérité du gouvernement [mercredi, ndlr], cela signifie qu’elle n’est pas opposée à un recours à l’aide internationale", juge Céline Antonin, spécialiste de l’économie portugaise à l’OFCE-Sciences-Po.
De fait, avec son nouveau tour de vis économique, le Premier ministre socialiste, José Socrates, espérait apaiser les craintes des marchés financiers. Et ainsi éviter de devoir demander de l'argent à ses voisins. Raté.
Le voisin ibère
La démission du gouvernement ne change rien aux échéances. En juin, le Portugal doit rembourser environ 9 milliards d’euros de prêts qui arrivent à terme. Le pays n’a pas l’argent et peut difficilement s’endetter davantage. Il devrait, en effet, emprunter à un taux d’intérêt de plus de 7 % sur 10 ans, alors que l’Allemagne obtient des prêts à 3 %. Lorsque la Grèce avait appelé l’UE et le FMI à la rescousse, elle était soumise à un taux d’un peu plus de 6 %.
"Le Portugal va avoir besoin, pour 2011, d’environ 26 milliards d’euros d’aides", estime Céline Antonin. Une enveloppe que l’Union européenne ne devrait pas avoir trop de mal à débloquer. Mais à force d’aider ses économies en péril, l’addition commence à être salée.
L’opération de sauvetage de la Grèce a déjà coûté 110 milliards d’euros à l'UE et au FMI tandis que l’Irlande a encaissé une aide de 80 milliards d’euros. Avec le Portugal, la facture devrait s'élever à plus de 200 milliards d'euros.
Pour l’heure, le fonds de stabilité mis en place par les Vingt-Sept dispose encore de ressources puisqu’il a été doté de 500 milliards d’euros. Mais aujourd'hui tout le monde à Bruxelles espère que l’effet domino s’arrêtera avec le Portugal. "Le prochain candidat, si on regarde les courbes d’évolution des taux d’intérêt, est l’Espagne", indique Céline Antonin. Si le voisin ibère devait également avoir recours à l’aide internationale, le montant "dépasserait alors largement les sommes versées jusqu’à présent".
Marchés pas impressionés
Les 500 milliards du fonds de soutien sembleraient, alors, beaucoup moins rassurants. Le problème est que l’Union européenne ne dispose pas d’un plan B. Augmenter le fonds ? "Cela a déjà pris un an aux États de la zone euro pour tomber d’accord sur le montant actuel, je les imagine mal décider de l’augmenter encore", tranche Céline Antonin. Les efforts déployés jusqu’à présent par les autorités européennes ne semblent en outre pas du tout avoir impressionné les marchés. "Les taux d’intérêt auxquels l’Irlande ou la Grèce peuvent emprunter sur les marchés n’ont pas beaucoup baissé", confirme Céline Antonin.
Reste que les déboires financiers de ces pays peuvent être, paradoxalement, une bonne chose pour la zone euro. "Il est en effet beaucoup plus compliqué de spéculer contre la dette de grands pays comme l’Espagne ou l’Italie", conclut Céline Antonin. Les autorités européennes peuvent, ainsi, espérer que les marchés se montrent moins agressifs maintenant que les cibles les plus vulnérables sont tombées.