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D'Apple à Boeing, le séisme fait trembler l'industrie mondiale

De nombreux secteurs dépendent des composants fabriqués au Japon - ou y trouvent des débouchés. Le séisme qui a frappé l’archipel vendredi risque de compromettre la chaîne de fabrication aussi bien dans le high-tech que dans l’automobile.

L’onde de choc économique consécutive au séisme et au tsunami qui frappé le Japon commence à se préciser. Mardi, les valeurs du luxe, du secteur automobile et des nouvelles technologies avaient sérieusement chuté sur les places financières.

Le géant du luxe LVMH a perdu plus de 6%, le constructeur automobile Renault a reculé de 5,5% tandis que le Nasdaq (indice boursier à dominante technologique de Wall Street) a chuté de 2,2 % à l'ouverture.

Une dégringolade qui traduit l’inquiétude des marchés à l’égard des secteurs qui se retrouvent dépourvus, alors que les entreprises japonaises ne peuvent plus leur fournir les composants essentiels à la fabrications des produits.

L’iPad menacé ? L’un des éléments essentiels de la tablette d’Apple - la mémoire flash Nand, qui lui permet de stocker les données - est fabriqué par Toshiba. Ce dernier a indiqué que la production de cette puce, présente dans un grand nombre de produit technologique, n’avait été que faiblement affectée. Reste que son approvisionnement est ralenti, en raison des dégâts dont ont souffert les infrastructures japonaises.

Plus largement, l’industrie high-tech va peut-être plus souffrir que les autres. Les fabricants japonais fournissent en effet 40 % des composants électroniques mondiaux, selon la firme hong-kongaise CLSA. L’effet pourrait être d'abord palpable sur les téléviseurs à écran plat. Les dalles LCD, principalement construites en Corée du Sud et en Chine, dépendent largement de matériel produit au Japon :  semi-conducteurs, bandes de silicon... Les appareils photo risquent aussi de manquer à l’appel. Deux des principaux constructeurs d'appareils destinés au grand public, Sony et Panasonic, sont en effet Japonais. Les deux ont pour l'instant indiqué "évaluer l’impact" du séisme sur leur production.

La Prius au point mort ? Le premier constructeur automobile mondial, Toyota, a dû fermer plusieurs de ses sites sur l’archipel. Il n’est pas le seul puisque Honda, Nissan (groupe Renault) ont également dû stopper leur production. L’un des modèles de Toyota, la Prius, un modèle hybride, était particulièrement attendu à cause de l’envolée des prix de l’essence. Un succès remis à plus tard...

Côté français, c’est Renault qui souffre le plus de la catastrophe. Son PDG Carlos Ghosn a d'ailleurs confirmé mardi que les usines Nissan avaient dû interrompre une partie de leur production. Une mauvaise nouvelle pour le groupe, puisque la marque nippone devait représenter 70% du CA du groupe en 2011. Et puis il y a Valeo. L’équipementier français se targue d’être un fournisseur important des enseignes japonaises : un avantage qui s'est transformé en inconvénient. Valeo est d’autant plus exposé qu’il venait de racheter un spécialiste local des accessoires (retroviseurs...).

Hermès, la tête au carré ? La célèbre maison de luxe française, comme bon nombre des autres griffes hexagonales, avait trouvé au Japon des débouchés particulièrement intéressants. L’archipel représente 11% des parts mondiales du luxe, selon des données du courtier CM-CIC Securities. Hermès et la marque britannique de vêtements Burberry réalisent ainsi 19 % de leurs ventes au Japon, tandis que LVMH vend y près d’un champagne Mouët sur six.

Boeing se fait du souci pour le Dreamliner. Un retard de plus pour le Boeing 787 Dreamliner ? Plusieurs composants de cet appareil, décidément maudit, du constructeur américain sont fabriqués au Japon. "Nous avons un peu de stocks, mais pas tant que cela", a reconnu lundi sur la chaîne CNBC Jim Albaugh, responsable des avions commerciaux chez Boeing.

Les usines japonaises qui fournissent du matériel à Boeing n’auraient pas été affectées selon le constructeur. Mais l’avionneur craint des retards de livraison. Pour le moment, Boeing compte toujours fournir le premier Dreamliner au 3e semestre 2011. L'appareil doit d'ailleurs être livré à la compagnie All Nippon Airways...