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Le pays vit toujours dans l'angoisse d'une catastrophe nucléaire

Le Japon redoute toujours une fusion du combustible nucléaire aux conséquences potentiellement catastrophiques dans la centrale de Fukushima. Les secouristes tentent, de leur côté, de venir en aide aux survivants du séisme et du tsunami.

REUTERS - Le Japon s'emploie à éviter une fusion potentiellement catastrophique à la centrale nucléaire de Fukushima, où une deuxième explosion a eu lieu, quatre jours après le séisme dévastateur dans le nord-est du pays.

L'incident s'est produit lundi dans le bâtiment abritant le réacteur n°3 de cette centrale située à 240 km au nord de Tokyo. La baisse du niveau d'eau de refroidissement dans le coeur d'une autre tranche a par ailleurs laissé les barres de combustibles à l'air libre.

Sur le front des recherches, les secouristes fouillent les décombres des zones dévastées par le tsunami et s'efforcent d'apporter soins et réconfort aux millions d'habitants privés
d'électricité ou d'eau courante, dans ce que le Premier ministre, Naoto Kan, a présenté comme la pire crise subie par le Japon depuis la Seconde Guerre mondiale.

Dans deux villes côtières du Nord-Est, 2.000 corps ont d'ores et déjà retrouvés. Les autorités s'en tiennent pour l'heure à une estimation d'au moins 10.000 morts. A Paris, on
est sans nouvelles de 17 Français qui se trouvaient dans le Nord-Est japonais au moment du drame. "C'est absolument cauchemardesque", a témoigné Patrick Fuller, un responsable de la Fédération internationale de la Croix-Rouge dans la ville d'Otsuchi, sur la côte. "La situation dépasse l'entendement. Presque tout a été réduit à l'état de ruines. Le gouvernement déclare que 9.500 personnes sont mortes, plus de la moitié de la population. Je crains vraiment le pire."

Sur le plan économique, certains analystes estiment que les dégâts de la catastrophe sont si importants et le coût potentiel est si élevé - une évaluation l'a chiffré à plus de 170
milliards de dollars dans la seule zone directement touchée - que cela pourrait replonger le Japon dans la récession.

Procédure d'urgence

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Des dégâts estimés entre 15 et 35 milliards de dollars
Le pays vit toujours dans l'angoisse d'une catastrophe nucléaire

La plus grosse crainte pour l'heure est celle d'une cà la centrale de Fukushima-Daiichi. Selon André-Claude Lacoste, président de l'Autorité française de sûreté du nucléaire (ASN), l'accident, que les autorité japonaises ont classé au niveau 4 sur une échelle qui en compte sept, pourrait être de niveau 5 voire 6.

Récusant la comparaison avec la catastrophe ukrainienne de Tchernobyl, en 1986, Yukiya Amano, directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, a quant à lui assuré que les réacteurs étaient intacts.

Tokyo Electric Power Co (Tepco), qui exploite la centrale, a fait savoir que les barres de combustible du réacteur n°2 était totalement hors de l'eau, ce qui pourrait les faire entrer en fusion.

Elles avaient déjà émergé partiellement lorsque les pompes qui assurent le remplissage à l'eau de mer ont été à cours de carburant. Les opérations ont pu reprendre mardi matin, heure locale.

Une fusion partielle s'est d'ores et déjà produite dans les réacteurs 1 et 3 où des explosions se sont produites, samedi et lundi, mais la situation est encore plus alarmante dans la tranche n°2, selon un représentant de Tepco.

"Si l'eau de refroidissement ne revient pas, le coeur peut entrer en fusion en quelques heures", explique Edwin Lyman, expert en matière de sureté nucléaire et membre de l'Union des scientifiques responsables.

Selon les autorités japonaises, les enceintes de confinement des réacteurs n'ont pas été endommagé par les explosions dues à une accumulation d'hydrogène.

Le bilan officiel fait état pour l'instant de 22 personnes irradiées et jusqu'à 190 qui pourraient avoir été exposées à des radiations. La VIIe flotte américaine, qui participe aux efforts de secours, a décidé de s'éloigner temporairement par précaution de la côte nord-est en raison d'un faible niveau de radiation.

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"Le cauchemard japonais continue"
Le pays vit toujours dans l'angoisse d'une catastrophe nucléaire

Confusion à Tokyo

Dans le nord du pays, près de deux millions de foyers sont toujours sans électricité, et 1,4 million sont privés d'eau courante. On est sans nouvelles de plusieurs dizaines de milliers de personnes.

Plus de 450.000 personnes ont été évacuées des zones sinistrées par le tremblement de terre et le raz-de-marée, auxquels s'ajoutent 80.000 autres personnes évacuées de la zone établie dans un rayon de 20 km autour de la centrale de Fukushima-Daiichi.

Le séisme a contraint nombre de sociétés à suspendre leur production et les actions de certains grands groupes nippons ont chuté lundi, comme Toyota. Les indices à la Bourse de Tokyo ont clôturé en baisse de 7,5%, la plus forte chute depuis la crise financière de 2008.

Des coupures d'électricité tournantes sont appliquées dans le pays pour limiter la consommation, réduite du fait de l'arrêt de 11 des 54 réacteurs atomiques que compte le Japon.

Dans l'agglomération de Tokyo, où vivent 35 millions d'habitants, banlieusards et Tokyoïtes étaient plongés lundi dans la confusion et l'incertitude, les problèmes d'approvisionnement et de coupures d'électricité continuant.

Les rayons de certains magasins sont vides et de nombreuses lignes ferroviaires sont fermées, alors même que les gens reprenaient le travail après un week-end passé, pour beaucoup, devant les écrans de télévision et les images de désolation en provenance du Nord-Est.