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La Major League Soccer fête ses 15 ans en toute discrétion

Dans l’indifférence de la planète football, la Major League Soccer (MLS) ouvre la 15e saison de son histoire. Année après année, le football ‘made in USA’ se structure, malgré son déficit de notoriété et les stéréotypes qui l’encombrent.

Bien calé entre deux soirées de Ligue des Champions, le match d’ouverture de la Major League Soccer 2011 ne devrait pas déchaîner les passions en Europe. D’autant qu’à 3h30 (heure de Paris, GMT+1), même les plus noctambules des amateurs de ballon rond ne règleront probablement pas leur réveil pour assister à la réception du Los Angeles Galaxy par les Seattle Sounders.

Même quinze ans après sa création, la MLS est toujours coupée du reste de la planète football. Vu d’Europe, le championnat nord-américain de football est, à l’image de son homologue qatari, un refuge pour vieilles gloires asphyxiées par le poids des années.

Pourtant, derrière cet écran de fumée, le soccer nord-américain se développe. La marche en avant est lente, mais sereine et régulière. En 2011, la MLS s’est élargie à deux nouvelles franchises, les Portland Timbers et les Vancouver Whitecaps, portant à 18 le nombre d’équipes intégrées à l’élite nord-américaine du football.

Ce développement de la ligue, progressif et raisonné, tranche avec les politiques précédentes qui avaient plongé le ‘soccer’ dans une grave crise financière, le menant à la faillite totale dans les années 1980. En lieu et place d’un sport paillettes et showbiz, les instances du football continental ont opté pour une gestion très encadrée, sans grandes folies mais basée sur un socle solide.

Infrastructures exemplaires et politique de formation

Depuis le milieu des années 2000, la MLS a insisté sur la nécessité du développement des infrastructures des clubs. À ce jour, toutes les franchises engagées disposent de leur propre stade, exclusivement dédiées au soccer.

Ces enceintes, dont la qualité et la capacité est désormais largement comparable à celles des meilleurs championnats européens, ne constituent que la partie émergée de l’iceberg.

Les instances footballistiques ont également insisté sur le développement des outils de formation des clubs, avec la mise en place de la US Soccer Development Academy.

Dans le giron de cette entité, plus de 3 000 jeunes (U16, U18 et U20) s’affrontent via des championnats de conférence et des coupes locales.

La MLS dispose également de son vivier propre, avec le maintien des United Soccer Leagues (USL) – l’ancienne compétition majeure du continent – comme seconde division non officielle où s’aguerrissent les meilleurs éléments des équipes de jeunes.

Des perspectives uniquement sur le long terme

Cette stratégie, si elle semble être en mesure d’assurer la pérennité et le développement de la ligue sur le long terme, n’en est pas moins exempte de défauts.

En premier lieu, elle a contribué à asseoir l’image d’un football stagnant, où seules les signatures de vieilles gloires (Beckham et Henry en tête) parvenaient à masquer le manque de visibilité de la compétition.

Le traumatisme lié à la faillite totale de la ligue précédente (NASL) est également toujours dans les têtes. Les investisseurs, moins frileux qu’à la naissance de la MLS, restent néanmoins prudents et la ligue ne dispose toujours pas d’une manne financière comparable à celle des grands championnats de l’étranger.

De plus, le système de "salary cap" qui impose des restrictions de masse salariales drastiques aux clubs afin d’assurer leur viabilité économique, limite leur latitude sur le marché des transferts.

Conséquence directe, le championnat n’est pas en mesure d’attirer suffisamment de bons joueurs pour que son niveau s’en trouve considérablement amélioré. Et comme la formation ne devrait porter ses fruits que dans plusieurs années, le football nord-américain semble condamné à se développer lentement et dans l’ombre.

La non-attribution des Coupes du Monde 2018 et 2022 auxquelles les États-Unis s’étaient portés candidat a ralenti ce processus un peu plus encore.

En termes de jeu, cette lente évolution se ressent. La MLS progresse lentement. Trop lentement selon ses détracteurs. Reste qu’en 2011, elle devrait attirer plus de 17 000 spectateurs en moyenne. Des chiffres qui ne sont pas dérisoire si on les confronte aux affluences enregistrées dans plusieurs championnats européens de premier plan. A titre de comparaison, la Ligue 1 revendiquait une affluence moyenne d'un peu plus de 20 000 spectateurs la saison passée.