AFP - Les rebelles libyens envoyaient vendredi des renforts vers le site pétrolier de Ras Lanouf, dans l'Est libyen, pour stopper une offensive des forces loyales au leader Mouammar Kadhafi qui les ont forcés à battre en retraite la veille.

Les combats se poursuivaient au lendemain d'une journée d'affrontements entre insurgés et unités de l'armée libyenne, mais il n'était pas possible de constater l'ampleur de l'avancée des forces pro-Kadhafi, des rebelles empêchant les journalistes de se rendre sur la ligne de front.

"Nous ne savons pas exactement ce qu'il se passe à Ras Lanouf. Mais on nous a dit qu'il y avait encore des combats", a déclaré Salem Abdulrahman, un jeune insurgé barbu portant un keffieh au volant d'un pick-up muni d'un canon antiaérien.

"Donc nous y allons. Nous allons nous battre et nous nous allons gagner", a-t-il insisté, alors que des voitures et des pick-up chargés de combattants partaient vers Ras Lanouf.

"Pour le moment, nous comptons 10 morts et des dizaines de blessés dans les combats de jeudi, et il est probable que cela augmente considérablement. Nous pensons qu'il y a plus de corps dans la zone", a déclaré à l'AFP le docteur Salem Langhi à Brega, autre site pétrolier à l'est de Ras Lanouf, désormais en première ligne.

"Les ambulances n'ont pas été autorisées à aller à Ras Lanouf, l'armée (régulière) bloque la route", a-t-il ajouté.

"Les insurgés nous ont dit qu'il restait des poches de résistance à Ras Lanouf, et qu'il y avait toujours quelques combats, mais à l'heure actuelle, l'armée contrôle la zone", a ajouté le médecin.

"Leur suprématie est totale. Ils ont tiré depuis des bateaux, et ils contrôlent les airs", a-t-il expliqué, confirmant les informations de l'opposition à Benghazi selon lesquelles le régime de Tripoli a lancé une offensive d'envergure contre l'insurrection.

La télévision d'Etat a annoncé jeudi que les forces loyales au colonel Kadhafi avaient "purgé" Ras Lanouf, et un journaliste de l'AFP sur place a vu les insurgés se retirer et des tanks de l'armée s'avancer jusqu'à cinq kilomètres à l'est de la ville.

Mais le colonel Bashir Abdulkader, un commandant des insurgés, a assuré que ses hommes avaient lancé une contre-attaque pendant la nuit: "L'armée libyenne a été virée de Ras Lanouf pendant la nuit par nos fedayin. C'est un no man's land maintenant, il n'y a personne".

"La ligne de front change d'heure en heure", a pour sa part estimé Moustafa Gheriani, un porte-parole de l'opposition à Benghazi.