logo

La police ouvre le feu sur les manifestants, au moins trois morts

Trois personnes ont trouvé la mort et de nombreuses autres ont été blessées lors de manifestations organisées à travers le pays. Les affrontements entre loyalistes et opposants au président Saleh ont déjà fait une trentaine de victimes.

AFP - Les violences au Yémen ont fait au moins trois tués depuis mardi dans une série d'incidents, dont une émeute dans la prison de Sanaa, mais le régime a assuré mercredi qu'il faisait tout pour protéger les manifestants.

Le mouvement de contestation contre le régime du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, a été marqué par une trentaine de morts depuis fin janvier, selon Amnesty International.

Le président Saleh, allié des Etats-Unis dans la lutte contre les émules d'Oussama ben Laden dans la région, mais politiquement de plus en plus isolé, a rejeté un plan de sortie de crise proposé par l'opposition prévoyant son départ avant la fin de l'année.

Mercredi, des sources médicales ont assuré qu'un jeune homme blessé par la police mardi soir devant l'université de Sanaa, où campent depuis le 21 février des étudiants en colère, était décédé à l'hôpital.

Le ministre de l'Intérieur Metahar Rached Masri a démenti cette information, affirmant que seuls trois manifestants, trois policiers et un passant avaient été blessés.

Mais Amnesty International a assuré qu'un protestataire avait été tué et une centaine d'autres blessés mardi soir, appelant les autorités à mettre fin aux attaques de nuit contre les manifestants.

"C'est la deuxième fois en trois semaines que des manifestants sont tués de nuit", a relevé Philip Luther, directeur adjoint d'Amnesty pour le Moyen-Orient dans un communiqué.

Le 22 février, deux manifestants ont été tués par des tirs au même endroit.

"Cette tactique de la force (...) doit cesser immédiatement", a ajouté M. Luther, en soulignant "le droit des manifestants à se rassembler pacifiquement".

Selon des sources hospitalières et des témoins, trois autres manifestants ont été blessés par balles dans la nuit, et une soixantaine légèrement blessés ou intoxiqués par les gaz lacrymogènes.

Le ministre de l'Intérieur a attribué les violences à des "éléments extérieurs qui ont ouvert le feu sur les manifestants", affirmant que "la police faisait de son mieux pour protéger les protestataires".

Le Forum commun, regroupant les partis de l'opposition parlementaire, a "dénoncé cette agression contre de jeunes manifestants pacifiques".

Dans le même temps, un responsable des services de sécurité a assuré qu'un partisan du régime avait été tué dans la province de Hadramout, dans le sud-est du Yémen. "Un partisan de Saleh a été tué et un autre blessé dans des échauffourées contre des opposants au régime", a indiqué ce responsable sous couvert de l'anonymat.

Des violences ont par ailleurs opposé des prisonniers et des forces de sécurité dans la prison de Sanaa, faisant au moins un tué mardi et une soixantaine de blessés, dont 20 policiers, selon un responsable de la sécurité.

Selon des sources de sécurité, les détenus se sont révoltés contre leurs conditions de détention, demandant le renvoi du directeur de la prison.

Ils ont également exprimé des revendications politiques, similaires à celles des manifestants qui exigent des réformes. Les sources de sécurité ont mis en cause des "agitateurs".

"La situation est sous contrôle", a assuré mercredi le ministre de l'Intérieur, qui a fait état de dégradations dans la prison.

Le régime yéménite est contesté depuis fin janvier avec des manifestations à Sanaa, Taëz, Aden et dans le reste du pays.

A Aden (sud), les écoles ont été contraintes de fermer mardi, les manifestants appelant les élèves et le personnel des établissements à prendre part au mouvement, selon un responsable du ministère de l'Education.

Tags: Yémen,