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Alain Juppé retrouve le Quai d'Orsay, seize ans après

Alain Juppé a repris ses quartiers aux Affaires étrangères. Le nouveau chef de la diplomatie, qui a déjà fait un passage remarqué au Quai d'Orsay de 1993 à 1995, a pour mission d'apporter un nouveau souffle à la politique extérieure française.

AFP - Nouveau chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a pris formellement ses fonctions mardi lors d'une passation de pouvoirs avec Michèle Alliot-Marie, qui fait de lui l'homme incontournable de la relance de l'action gouvernementale à l'international comme sur la scène intérieure.

A cette occasion, M. Juppé a brossé à grands traits ses priorités les plus urgentes, relatives notamment aux bouleversements dans le monde arabe. Il faut, estime-t-il ainsi, relancer l'Union pour la Méditerranée, le grand projet du début de mandat de Nicolas Sarkozy.

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portrait d'Alain Juppé, nouveau chef de la diplomatie
Alain Juppé retrouve le Quai d'Orsay, seize ans après

"Il va nous falloir refonder l'Union pour la Méditerranée. C'était une initiative prémonitoire", a-t-il déclaré à propos de ce forum de coopération entre l'UE et les pays du Maghreb et du Proche-Orient. "Ce qui se passe aujourd'hui au sud de la Méditerranée change complètement la donne. Nous avons besoin d'y réfléchir", a-t-il ajouté.

A 65 ans, Alain Juppé devient la pièce maîtresse du gouvernement alors que M. Sarkozy cherche à reprendre la main à un peu plus d'un an de la présidentielle, après les errements d'une diplomatie incapable de prendre la mesure du vent de liberté qui traverse le monde arabe.

A l'heure où Paris a pris la tête des forums des G20 et G8, la diplomatie est devenue un enjeu de politique intérieure.

"Homme providentiel" ou "sauveur": la presse a dans l'ensemble accueilli mardi avec bienveillance et soulagement l'arrivée d'Alain Juppé au Quai d'Orsay, espérant que la voix de la France serait à nouveau audible après des semaines de violentes critiques sur la proximité de Paris avec des régimes autoritaires.

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"une passation de pouvoir plutôt émouvante"
Alain Juppé retrouve le Quai d'Orsay, seize ans après

Déjà numéro 2 du gouvernement, M. Juppé a passé mardi matin les rênes du ministère de la Défense à Gérard Longuet, ancien chef de file des sénateurs UMP.

Une heure plus tard, il s'installait au Quai d'Orsay, après une passation de pouvoirs avec Michèle Alliot-Marie, qui a démissionné sous la pression dimanche, alors qu'elle était depuis trois mois seulement aux Affaires étrangères.

La ministre a fini par chuter après des déclarations dénoncées comme scandaleuses par l'opposition, notamment pour avoir proposé le "savoir-faire" des policiers français au régime tunisien en pleine répression de la révolte populaire, en janvier, puis pour ses liens révélés par la presse avec un homme d'affaires proche du président déchu Zine El Abidine Ben Ali.

Alain Juppé retrouve un ministère où il a déjà fait un passage remarqué, de 1993 à 1995, avant de devenir Premier ministre de Jacques Chirac.

Le nouveau ministre a également évoqué, dans son premier discours, le renforcements des partenariats avec les pays émergents, la défense européenne et l'Afrique: "Nous devons anticiper (...) l'essor de l'Afrique au XXIe siècle. Ce serait pour nous une faute stratégique que de relâcher notre présence sur ce continent avec lequel tant de liens ont été construits au fil de l'histoire"

M. Juppé devra également rétablir la confiance apris les diplomates qui ont exprimé dans des tribunes anonymes leurs inquiétudes quant à "l'amateurisme" ou "la peur du changement" manifestés par la diplomatie française.

Selon un sondage Harris Interactive publié mardi, 55% des Français lui font "plutôt confiance" comme nouveau chef de la diplomatie.

A 14 mois de l'élection présidentielle, M. Juppé fait figure de recours possible à droite alors que M. Sarkozy est toujours à la peine dans les sondages.

En acceptant le Quai d'Orsay, il a exigé d'avoir les coudées franches par rapport à l'Elysée et entend bien garder sa liberté de parole, notamment sur les sujets de société comme le débat sur la place de l'islam, sur lequel il a multiplié les mises en garde.