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Le futur Premier ministre veut renégocier son plan de sauvetage avec l'UE

Fort de la victoire de son parti centriste aux législatives, le chef de l'opposition irlandaise, Enda Kenny, qui a entamé dimanche des négociations pour former une coalition gouvernementale, veut renégocier le plan de sauvetage de l'île avec l'UE.

AFP - Le leader de l'opposition irlandaise, Enda Kenny, a entamé dimanche les négociations en vue d'une coalition gouvernementale, après sa victoire sans majorité absolue aux législatives, tout en exigeant de Bruxelles une renégociation immédiate du plan de sauvetage de l'île.

Sans attendre l'annonce des résultats définitifs, qui ne devrait pas intervenir avant dimanche soir ou lundi, Enda Kenny a dès samedi soir revendiqué la victoire.

Selon des résultats partiels portant en milieu de matinée dimanche sur environ 80% des sièges, sa formation le Fine Gael (centre) a remporté plus de 36% des suffrages, humiliant le parti au pouvoir, le Fianna Fail.

L'organisation centriste, qui dominait la vie politique irlandaise depuis 80 ans, sort laminée: avec seulement 17,4% des voix, elle devrait voir le nombre de ses sièges divisé par trois. Le scrutin marque aussi la fin de la carrière politique du Premier ministre sortant, Brian Cowen, qui ne se représentait pas.

Mais le raz-de-marée Fine Gael n'a pas été suffisant pour lui conférer une majorité absolue, contraignant Enda Kenny à rechercher une alliance avec le Labour, une formation de gauche avec qui le Fine Gael a déjà gouverné à plusieurs reprises.

Le Labour a recueilli près de 20% des voix.

"Pourparlers immédiats du Fine Gael et du Labour sur une coalition", titre en Une le Sunday Business Post, estimant "inévitable" une coalition, plutôt qu'une formule d'accords ponctuels avec des députés indépendants.

"Je vais étudier toutes les options", a déclaré samedi soir Enda Kenny, tout en soulignant cependant que les électeurs lui avaient conféré un "soutien massif" en vue d'un "gouvernement stable et fort".

"Je ne veux pas que les choses traînent. Je vais décider très rapidement", a-t-il dit. Le leader a théoriquement jusqu'au 9 mars, date de la rentrée parlementaire et de son investiture en tant que Premier ministre, pour former son gouvernement.

Le chef de file du Labour, Eamon Gilmore, a confirmé samedi soir que "l'issue la plus probable" serait "une coalition", sans s'étendre sur les nombreux obstacles à surmonter.

Des "discussions nourries" sur le sujet vont être nécessaires, souligne ainsi le Business Post, pour "combler le gouffre" qui sépare le Labour et le Fine Gael, en particulier sur le programme d'austérité mis en place par le gouvernement sortant.

Tandis que le Fine Gael accepte globalement les coupes budgétaires décrétées par le gouvernement sortant, le Labour entend les alléger en repoussant de deux ans, à 2016 contre 2014, l'échéance que s'était fixé Brian Cowen pour ramener les déficits à 3% du produit intérieur brut, contre 32% en 2010.

Le plan de sauvetage international de l'île, signé avec l'Union européenne et le Fonds monétaire international, accorde à Dublin jusqu'en 2015 pour juguler les déficits publics.

Enda Kenny a rappelé dès samedi soir que la renégociation de ce plan représentait une priorité. "Nous allons agir là-dessus la semaine prochaine. J'ai déjà eu des contacts ce jour-même" (samedi), a-t-il dit, soulignant l'urgence du calendrier.

Le mois de mars sera en effet décisif pour la zone euro, avec des négociations marathon pour mettre au point une défense contre les crises de la dette.

Durant la campagne, le futur Premier ministre a promis d'exiger une réduction du taux d'intérêt auquel l'UE prête à Dublin, dans le cadre du plan d'aide, et qu'il juge "punitif". Il entend également demander aux détenteurs d'obligation qu'ils supportent une partie des pertes.

Négociations à Bruxelles sur le plan et à Dublin sur une coalition: Enda Kenny ne connaîtra "pas de lune de miel", avertit le Sunday Business Post.