À la tête de l'Ouganda depuis 1986, le chef de l'État sortant, Yoweri Museveni, fait figure de favori de la présidentielle qui a débuté ce vendredi. L'opposition craint que le parti au pouvoir ne se rende coupable de fraudes durant le scrutin.
AFP - Les électeurs ougandais ont commencé vendredi à voter dans le calme et souvent avec retard, pour élire leurs députés et leur président, le chef de l'Etat sortant Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986, partant favori face à une opposition qui l'accuse de préparer des fraudes.
Quelque 14 millions d'électeurs sont appelés aux urnes sur les 33 millions d'habitants que compte ce pays enclavé d'Afrique de l'Est, bientôt producteur de pétrole.
Dans le bureau de vote en plein air de Pioneer mall, situé dans un quartier populaire de la capitale Kampala, les opérations de vote ont commencé comme prévu à 07H00 (04H00 GMT) et doivent se poursuivre jusque 17H00 locales.
"Je suis venu tôt pour voter, et après je resterai pour regarder comment ça se passe. Nous craignons des fraudes", a témoigné l'un de ces électeurs, Badru Busulwa.
Les opérations de vote débutaient lentement en ce jour décrété férié par les autorités, dans une capitale fantomatique à la circulation automobile inhabituellement fluide, sillonnée par de nombreuses patrouilles policières.
De nombreux bureaux de vote à Kampala ont entamé leurs opérations avec du retard, faute de matériel électoral livré à temps ou, comme sur le campus de l'université de Makerere, faute d'assesseurs en nombre suffisant pour surveiller la mise en place des urnes et bulletins de vote.
Dans les bureaux de vote ouverts, le plus souvent en plein air, le vote se déroulait de façon ordonnée et dans le calme, sous le regard attentif des agents déployés par les partis politiques.
Le chef de l'Etat Yoweri Museveni, 66 ans, a pronostiqué une "large victoire" à ce double scrutin, alors que l'opposition s'inquiète d'un vote massif d'électeurs mineurs ou de bourrages d'urnes au profit du régime.
Sept candidats affrontent le président sortant, dont Kizza Besigye, principal adversaire de M. Museveni pour la troisième élection consécutive, qui assure pouvoir l'emporter tout en brandissant la menace d'une révolte populaire à l'égyptienne en cas de fraudes massives.
A la tête de la Coalition inter-partis qui regroupe quatre formations d'opposition, Besigye, ancien médecin personnel de Museveni en rupture de ban avec le chef de l'Etat depuis 1999, a promis d'annoncer ses propres résultats dès samedi, soit 24 heures avant le délai imposé par la loi à la Commission électorale.
"Si la commission électorale publie des résultats dont nous savons qu'ils sont entachés de fraude, nous recommanderons alors au peuple ougandais de régler cette question directement", a ainsi averti M. Besigye lors de son dernier meeting de campagne, mercredi à Kampala.
La Commission électorale a jugé cette initiative "inacceptable", invitant les médias à ne pas relayer les résultats du camp Besigye, synonymes de "violation de la Constitution".
M. Museveni a menacé pour sa part d'arrestation et de procès toute personne qui contesterait dans la rue les résultats officiels.
Fait notable, l'opposition a bénéficié d'une liberté de mouvement inégalée pour ce scrutin, bien loin du harcèlement judiciaire dont fut l'objet M. Besigye en 2006.
Mais le président Museveni, qui a dépensé beaucoup d'argent pour sa campagne, est resté sourd aux appels de l'opposition demandant une refonte de la Commission électorale, accusée de partialité.
"En 2006, ils (le parti au pouvoir) ont eu recours au bâton. En 2011, ils ont l'intention d'utiliser la carotte", résumait peu avant le scrutin un diplomate occidental sous couvert d'anonymat.