
La classe politique française, la presse et le comité de soutien de Florence Cassez s'interrogent sur la pertinence de la stratégie déployée par Paris pour obtenir le transfèrement de la Française condamnée à 60 ans de prison au Mexique. Revue.
REUTERS - La stratégie adoptée par la France sur le cas de Florence Cassez soulève critiques et interrogations, de la part de l’opposition mais également dans la majorité et au sein même du comité de soutien de la Française.
-"Sarkozy a agi comme un éléphant dans un magasin de porcelaine" car "en 24 heures, il s'est mis à dos tout un pays !" écrit Jean-Marcel Bouguereau dans "La République des Pyrénées".
-"Décidément les tenants de notre politique extérieure n’en finissent plus de se prendre les pieds dans le tapis", juge Daniel Ruiz dans "La Montagne".
-"On dirait l'histoire du 'pavé de l'ours', à la sauce chili con carne [...] La finesse et l'humilité ne nuisent pas, parfois", assène Gilles Debernardi du "Dauphiné Libéré".
-"Une infructueuse stratégie du bulldozer" du président Sarkozy contre son homologue mexicain, écrit Michel Vagner dans "L'Est Républicain".
-"En dédiant cette manifestation à Mme Cassez, M. Sarkozy ne pouvait ignorer qu'il allait provoquer le retrait du Mexique", note l'éditorialiste du "Monde".
Le Mexique s’est retiré mardi de l’Année du Mexique en France pour protester contre la décision de Nicolas Sarkozy de dédier ces manifestations culturelles et économiques à Florence Cassez, condamnée à 60 ans de prison au Mexique pour complicité d’enlèvement et de séquestration.
La France réclame toujours le transfèrement de la Française, dont le pourvoi en cassation a été rejeté par la justice mexicaine, et critique ouvertement la manière dont elle a été jugée.
Pour François Bayrou, le choix de l’affrontement est contre-productif.
"Toutes les déclarations sont à mon sens dangereuses pour Florence Cassez elle-même, parce que tous les Mexicains aujourd’hui se sentent insultés ", a déclaré mercredi le président du MoDem sur France 2.
"Cette diplomatie brutale, avec des déclarations outrancières, c’est un risque et un danger pour elle", a-t-il ajouté.
"On doit respecter le Mexique"
Nicolas Sarkozy, qui a reçu lundi les parents de Florence Cassez et son avocat à l’Elysée, puis la ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie ont vivement condamné le rejet du pourvoi en cassation de la Française, qui clame son innocence.
Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, a également jugé que la voie choisie n’était pas bonne, même si son parti soutient officiellement la Française emprisonnée au Mexique.
"L’image de la France est extrêmement dégradée. On peut défendre un cas humain et en même temps avoir une haute responsabilité des intérêts de la France. On doit respecter le Mexique”, a-t-il dit sur France info.
Le député UMP Christian Vanneste, membre du comité de soutien à Florence Cassez, a appelé à respecter le Mexique et sa justice et à cesser “les humiliations complètement inutiles”.
L’idée de dédier à la jeune femme l’Année du Mexique en France était intolérable pour Mexico “et ne pouvait que produire l’effet inverse” à celui recherché, a-t-il dit mardi sur BFM TV.
Tous les recours étant épuisés, le sort judiciaire de Florence Cassez semble a priori scellé, même si ses avocats entendent saisir des juridictions supranationales et déposer des plaintes à Paris contre des officiels mexicains.
Elle peut en théorie être rapatriée en France pour purger sa peine, mais Mexico refuse en disant ne pas avoir la garantie que la sentence sera intégralement purgée.
Arrivée au Mexique en août 2003 pour des vacances, Florence Cassez avait décidé de s’installer à Mexico où elle a fait la connaissance d’Israel Vallarta, présenté par la police mexicaine comme le chef d’un gang de kidnappeurs. Elle en était devenue la compagne mais assure avoir tout ignoré de ses activités. Elle est en prison depuis 2005.