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Les autorités verrouillent Alger pour empêcher l'opposition de manifester

, envoyé spécial à Alger – Des milliers de membres des forces de sécurité ont investi le centre d'Alger où l'opposition a bravé l'interdiction de manifester pour organiser une marche pacifiste. Objectif affiché : "changer le système".

"Alger la blanche" a pris ce matin la couleur bleue. Plus 35 000 policiers anti-émeutes, selon le président du RCD, Saïd Saadi, ont investi dès les premières heures de jour les principales artères de la capitale et quadrillé la ville.

Quelque 2 000 personnes ont tenté de marcher samedi matin à Alger à l'appel de l'opposition pour "changer le système" mais ont été bloquées très rapidement par un très important dispositif des forces de l'ordre qui ont procédé à des interpellations musclées.

Du côté de la Coordination nationale pour la démocratie et le changement (CNDC), formée de partis d'opposition, de la société civile et de syndicats autonomes, et créée le 21 janvier dans la foulée des émeutes du début de l'année contre la vie chère, on assurait en début de journée que la marche aurait bien lieu, tout en s’étonnant du nombre impressionnant de policiers déployés.

Ce samedi, en milieu de matinée, les habitants sont arrivés par petits groupes sur la place du 1er Mai. Mais le déploiement important des forces de l’ordre n’a pas manqué de susciter une certaine anxiété chez certains Algérois. Yacine, 25 ans, s’est d’ailleurs levé tôt pour s’approvisionner en pain et en lait, "au cas où les choses tourneraient mal dans la journée".

Quatre députés du Rassemblement pour la Culture et la démocratie (RCD), parti laïque kabyle d’opposition, ont été arrêtés ce matin ainsi qu’une soixantaine de militants, a déclaré Mohsen Belabes, porte parole du RCD, lui-même arrêté aux côtés d’Arezki Aider, Mazouz Athmani et Besbas Tahar.

Un parcours verrouillé par les forces de l’ordre

La rue Hassiba Ben Bouali, menant directement à la place du 1er Mai, à Alger, est assiégée par les policiers armés de boucliers et de bâtons. Les différents accès à Alger sont fermés et les trains circulant vers les banlieues Est et Ouest de la capitale ne circulent pas. Le siège du RCD, rue Didouche Mourad, est encerclé par la police.

Sur l’ensemble du parcours prévu de la marche, depuis la place du 1er Mai jusqu'à la place des Martyrs en passant par le front de mer, des véhicules blindés, des chasse-neige transformés pour dégager les barricades et des canons à eau sont fin prêts pour intervenir. Sirènes hurlantes, les voitures de police tentent d’éviter tout débordement.

A Oran, les manifestations sont interdites mais un rassemblement est prévu sur la Place du 1er Novembre devant la mairie. Des marches sont aussi préparées en Kabylie dans l'Est, à Tizi Ouzou (à 105 km d'Alger), Boumerdes (à 60 km de la capitale) et Bejaïa (à 260 km) et à Tipaza (80 km à l'ouest d'Alger).

La veille, les forces de l’ordre sont intervenues à Alger avec force contre des manifestants saluant la chute du président égyptien Hosni Moubarak. Plusieurs personnes ont été blessées et 10 autres interpellées, selon le président du RCD, Saïd Saadi.