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Les affrontements entre manifestants, opposés au régime de Moubarak, et forces de l'ordre, fortement mobilisées, ont été particulièrement violents dans plusieurs villes du pays. Au moins 500 personnes auraient été arrêtées ce mercredi.

Malgré les avertissements du ministère égyptien de l’Intérieur, qui a formellement interdit, mercredi matin, tout nouveau rassemblement dans le pays, les opposants au régime du président Moubarak, au pouvoir depuis près de 30 ans, ont afflué dans les rues du Caire, d’Alexandrie, d’Assouan ou encore de Suez.

Dans la capitale, des dizaines de groupes qui tentaient d’accéder au centre-ville, complètement barricadé, ont été dispersés par la police, déployée en grand nombre. Un manifestant et un policier auraient toutefois été tués au cours des affrontements, selon une source proche des services de sécurité.

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Un point sur la mobilisation à 22h30
Violents affrontements entre manifestants et forces de l’ordre dans plusieurs villes

"Les échanges ont été très violents, les forces de l’ordre ont répliqué avec des tirs de balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes", relate Marion Touboul, correspondante de FRANCE 24 au Caire, "ce soir la police semble avoir repris en partie le contrôle de la situation".

Un bâtiment gouvernemental incendié

À Suez, à l’est de la capitale, où plus de 2 000 personnes s’étaient rassemblées, des manifestants ont incendié, mercredi soir, un bâtiment gouvernemental et tenté de mettre le feu à des locaux du parti national démocrate, le parti au pouvoir, rapportent des sources également proches des services de sécurité. La veille, trois contestataires avaient été tués par les forces anti-émeute.

Les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes pour repousser les manifestants. De son côté, la municipalité a ordonné la fermeture des boutiques après que des pillages eurent été signalés. Les affrontements auraient fait 70 blessés, selon l’AFP.

En raison de l'avertissement des autorités contre tout "acte provocateur, protestation, marche ou manifestation", les manifestants ont toutefois été moins nombreux que mardi, où la mobilisation avait été historique avec plus de 15 000 personnes mobilisées dans le pays.

La mobilisation sur la Toile ne faiblit pas

Au moins 700 personnes auraient été arrêtées depuis mardi, selon les services de sécurité, dont 500 pour la seule journée de mercredi. Parmi elles, figurent environ 90 personnes interpellées dans le secteur de la place Tahrir, dans le centre du Caire, et 121 membres de l'organisation islamiste des Frères musulmans, officiellement interdite mais tolérée dans les faits, interpellés à Assiout, au sud de la capitale égyptienne.

Fer de lance des manifestations de mardi, le mouvement du 6-Avril, un groupe de militants pro-démocratiques, appelle à poursuivre la mobilisation, vendredi, malgré l’important dispositif policier.

"Descendez dans la rue, venez avec nous sur le terrain de la libération", "On ne va pas changer notre pays seulement avec Internet, il faut descendre dans la rue !", peut-on lire en arabe sur la page Facebook du mouvement qui compte plus de 80 000 "fans". À l'instar de Twitter, le célèbre site de réseau social a permis, comme en Tunisie, de mobiliser de nombreux mécontents.

La France appelle ses ressortissants à la vigilance

Bien qu’aucun étranger n’ait été pris à parti dans les manifestations égyptiennes, la France appelle ses ressortissants à rester vigilants et à éviter les lieux de rassemblement, étant donné le "climat de tension sociale dans le pays".

La ministre française des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, a déploré les morts lors de ces manifestations et rappelé que la France était favorable à "plus de démocratie dans tous les États". De son côté, la Maison Blanche a appelé les autorités égyptiennes à lever toute interdiction de manifester.

Ces manifestations sont sans précédents depuis les soulèvements de 1977, provoqués par la hausse du prix du pain.

"Dans le cas de l’Égypte ou de la Tunisie, il y a une montée en puissance de la contestation. Partout, il y a un étouffement politique lié à cette absence de liberté, à cette absence de dignité en termes de traitement des citoyens égyptiens", explique à FRANCE 24 Hichem Ben Yaïche, rédacteur en chef du magazine "New African".

Hosni Moubarak, 82 ans, est au pouvoir depuis 1981. Une élection présidentielle est prévue en septembre, mais le chef de l'État n'a toujours pas fait part publiquement de son intention de briguer un nouveau mandat. Son fils Gamal, 47 ans, est donné comme un possible successeur.

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Retour sur le parcours de Hosni Moubarak
Violents affrontements entre manifestants et forces de l’ordre dans plusieurs villes