
Près de deux millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour élire leur président, ce dimanche. Le scrutin opposera, notamment, l'actuel président François Bozizé à l'homme qu'il avait renversé en prenant le pouvoir en 2003, Ange-Félix Patassé.
REUTERS - La République centrafricaine organise dimanche des élections présidentielle et législatives, prévues à l'origine en avril, qui ont peu de chances d'apporter la stabilité à ce pays enclavé, déshérité et miné par les divisions politiques et ethniques.
Le président Francois Bozizé, au pouvoir depuis le coup d'Etat de 2003, apparaît comme le grand favori de la présidentielle mais pourrait ne pas s'imposer dès le premier tour.
Plusieurs centaines de candidats sont en lice pour les 105 sièges de l'Assemblée nationale.
La tenue de ces scrutins a été retardée trois fois pour des questions de financement et en raison de la difficulté à désarmer les forces rebelles qui, malgré les accords de paix, sont toujours présentes dans le nord-ouest et le nord-est du pays.
Quelque 1,8 million d'électeurs, sur une population totale de 4,6 millions d'habitants, sont appelés à se prononcer.
Les opérations de vote pourraient se heurter à des difficultés techniques, estiment des analystes, et des agents des services électoraux se sont déjà plaints de ne pas avoir été payés, mais tout devrait être fait pour que le scrutin se déroule dans des conditions acceptables.
"La communauté internationale ne veut pas la pagaille (...) On s'attend à ce que Bozizé l'emporte avec une avance confortable", a dit Ned Dalby, du cercle de réflexion Crisis Group.
Cinq candidats à la présidentielle
Cinq candidats briguent la présidence. Les principaux adversaires du chef de l'Etat sortant sont Ange-Félix Patassé - ancien président chassé par Bozizé et rentré d'exil - ainsi que Martin Ziguélé, qui avait été Premier ministre de Patassé.
Si nécessaire, un second tour aura lieu en mars.
"Lors de la dernière élection en 2005, nous pensions l'emporter dès le premier tour et nous avons dû mettre les bouchées doubles pour battre Ziguélé", a confié un Reuters un ancien membre du gouvernement Bozizé, qui a requis l'anonymat.
"Cette fois encore, ce ne sera pas facile pour Bozizé", a-t-il ajouté. Il y a cinq ans, Bozizé avait battu Ziguélé avec 67% des voix.
En août dernier, Bangui a demandé au Conseil de sécurité de l'Onu de l'aider à faire face aux rébellions, au banditisme et aux conflits interethniques qui touchent le pays.
Plusieurs groupes rebelles, dont les Ougandais de la redoutable Armée de résistance du Seigneur (LRA), sont actifs dans le nord et l'est de la Centrafrique.
La Minurcat, la force de l'Onu, s'est retirée du pays à la fin de l'an dernier mais un contigent africain reste sur place pour aider les forces gouvernementales.
La République centrafricaine, dont le sous-sol est riche en or, en diamants et en uranium, reste dans un état de grande pauvreté. Le pays, l'un des plus isolés d'Afrique, fait face à plusieurs rébellions intérieures et a en outre été entraîné dans des conflits régionaux où étaient impliqués le Soudan, le Tchad et la République démocratique du Congo (RDC).
Environ 200.000 civils vivent aujourd'hui dans la brousse pour éviter les zones de conflit.