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Tony Blair estime qu'il était juste de renverser le régime de Saddam Hussein

L’ex-Premier ministre britannique Tony Blair a maintenu devant la commission d’enquête sur l’Irak ses positions : il était juste, à ses yeux, de renverser aux côtés des Etats-Unis de George W. Bush la dictature irakienne.

AFP - L'ex-Premier ministre britannique Tony Blair s'est livré vendredi à un nouvel exercice d'autojustification pour sa deuxième comparution en un an devant la commission chargée de faire la lumière sur l'entrée en guerre des Britanniques en Irak en 2003, aux côtés des Américains.

Le président de la commission d'enquête, Sir John Chilcot, avait adressé plus d'une centaine de questions complémentaires par écrit à l'ancien leader travailliste. Il a ouvert en début de matinée des débats appelés à durer de 4 à 5 heures en expliquant que cette deuxième convocation visait à "clarifier" les réponses fournies jusqu'ici par M. Blair.

A mi-parcours de l'audition retransmise par les chaînes d'information en continu, le ton des cinq enquêteurs est apparu un peu moins policé et les réponses de M. Blair étaient un peu moins abrasives, par rapport à la séance controversée de janvier 2010.

Pour autant, le chef du gouvernement britannique de 1997 à 2007 n'a pas varié sa plaidoirie sur le fond, convaincu de la justesse de sa décision d'entrer en guerre, et n'a pas apporté immédiatement d'éléments nouveaux.

Et cela d'autant qu'il a refusé --au grand dam de Sir Chilcot-- d'autoriser la publication de sa correspondance "très privée" avec l'ancien président américain George W. Bush, relative à la période où les deux dirigeants auraient décidé "un changement de régime" en Irak lors d'une rencontre dans le ranch texan de M. Bush en avril 2002, soit onze mois avant l'invasion.

Comme en janvier 2010, les débats de vendredi ont tourné autour de trois questions clés: la guerre était-elle légale en l'absence de résolution explicite de l'ONU? M. Blair a-t-il délibérément manipulé l'opinion publique sur la présence jamais avérée d'armes de destructions massive (ADM) irakiennes, qui ont justifié l'entrée en guerre? Quelle fut la réalité de l'alignement de Tony Blair --à l'époque qualifié de "caniche de Bush" par ses détracteurs-- sur les néoconservateurs américains?

Il y a un an, M. Blair avait défendu "sans aucun regret" sa "juste décision" de renverser "le monstre Saddam". "Le régime de Saddam était brutal, c'était une dictature militaire représsive. Il constituait une source d'instabilité et de danger pour la région", a-t-il affirmé vendredi.

La guerre était-elle légale? L'Attorney General, principal conseiller juridique du gouvernement, qui, cette semaine encore, s'est déclaré "mal à l'aise" à propos de l'absence de résolution de l'ONU, s'est finalement rangé du côté des partisans de l'invasion, a assuré M. Blair. "A défaut, le Royaume-Uni n'aurait pas pu, et n'aurait pas participé à la décision de déposer Saddam".

La raison du maintien du secret sur sa correspondance avec le président américain? "Les notes (adressées) au président Bush étaient très privées. Elles ont été rédigées au moment où je voulais obtenir un changement ou un ajustement de politique. Elle devaient être confidentielles", a expliqué Tony Blair. Et ces notes "sont pour l'essentiel en accord avec les propos que j'ai exprimés en public".

Interrogé de front sur les propos qui lui ont été prêtés, M. Blair a démenti avoir dit ou écrit "George, quelle que soit ta décision, je te suivrai".

En janvier 2010, l'avocat de métier et orateur hors pair avait emprunté une porte dérobée pour échapper aux manifestants et aux journalistes. Cette fois il est entré par l'issue principale en posant quelques secondes pour les photographes, tandis qu'une vingtaine de manifestants de la coalition "Stop the War" scandaient "Bliar", un jeu de mots mêlant "liar ("menteur") au patronyme de l'ex-dirigeant.

Parmi les manifestants, Peter Brierley, dont le fils a été tué en Irak, a réclamé la traduction en justice de Tony Blair, "criminel de guerre".