Accusé d'avoir manipulé l'opinion publique, l'ex-Premier ministre britannique comparaît pour la deuxième fois devant la commission chargée d'enquêter sur l'entrée en guerre, en 2003, du Royaume-Uni en Irak.
AFP - L'ex-Premier ministre britannique Tony Blair est arrivé vendredi au centre des congrès londonien qui abrite la commission d'enquête sur l'engagement britannique dans la guerre en Irak, en 2003, pour sa deuxième comparution à un an d'intervalle, qui s'annonce tendue.
M. Blair, qui avait emprunté une porte dérobée en janvier 2010, est cette fois entré par l'issue principale en posant quelques secondes pour les photographes, tandis qu'une vingtaine de manifestants de la coalition "Stop the War", tenus à distance, scandaient "Bliar", un jeu de mots avec le patronyme du chef de gouvernement travailliste de 1997 à 2007 et "liar" (menteur).
Au cours de sa première déposition en forme d'auto-justification, Tony Blair avait défendu pied à pied "la justesse" de sa décision d'entrer en guerre aux côtés des Américains contre "le monstre Saddam Hussein".
Il avait balayé l'argument selon lequel la guerre était illégale en l'absence de résolution explicite du Conseil de sécurité de l'ONU et s'était défendu de toute manipulation politique en dépit de l'absence d'armes de destruction massive (ADM) qui avaient à l'époque justifié l'invasion de l'Irak.
Les cinq membres de la commission dirigée par un fonctionnaire à la retraite, Sir John Chilcot, ont fait savoir qu'ils entendaient "combler les blancs" et interroger l'ancien Premier ministre sur "les incohérences" apparues entre sa déposition et celles de plusieurs témoins.
De nombreux observateurs ont noté que le ton policé des échanges d'il y a un an devrait changer, en raison de l'irritation palpable provoquée par le refus -- prêté à M. Blair -- d'autoriser la publication de sa correspondance avec l'ancien président américain George Bush, au prétexte qu'elle revêtait un caractère privé.
Sir Chilcot s'est départi de son habituel ton neutre pour exprimer publiquement "sa déception" (un euphémisme pour "fureur", selon l'éditorialiste du Daily Telegraph) tant les documents manuscrits "fournissent un aperçu important et souvent unique sur la pensée de M. Blair et son engagement vis-à-vis du président Bush".
L'audition devait débuter à 09H30 GMT et durer entre 4 et 5 heures, avec une pause déjeuner.