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Brian Cowen s'apprête à remanier son gouvernement après une série de démissions

Depuis le début de la semaine, six ministres de la majorité ont démissionné. Ils entendent favoriser un renouvellement au sein du gouvernement jugé impopulaire et limiter ainsi les risques de défaite aux législatives prévues le 11 mars.

AFP - Les Irlandais seront appelés aux urnes le 11 mars, pour des législatives qui s'annoncent très délicates pour le Premier ministre Brian Cowen, en butte au ressentiment populaire après l'appel à l'aide étrangère pour remettre de l'ordre dans les finances de l'île.

Après des mois d'atermoiements, Brian Cowen a finalement annoncé, jeudi devant le Dail, chambre basse du Parlement irlandais, que les législatives anticipées auront lieu le vendredi 11 mars.

Le gouvernement ira à la bataille profondément affaibli, après la démission de six ministres en quelques jours, dont le chef de la diplomatie Micheal Martin, parti après avoir réclamé en vain le départ de M. Cowen de la tête de sa formation centriste, le Fianna Fail. Leurs portefeuilles seront redistribués au sein d'un gouvernement restreint.

Les élections ne devaient pas avoir lieu avant l'été 2012, mais M. Cowen avait été contraint, en novembre, d'annoncer qu'il en devancerait la date, conformément à une exigence des Verts, membres clefs de la coalition au pouvoir.

Les écologistes entendaient ainsi protester contre la signature d'un vaste plan de sauvetage international de 85 milliards de dollars, mis au point en collaboration avec l'Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI).

L'appel à l'aide étrangère pour sortir l'île de l'ornière a été largement ressentie par la population comme une "humiliation". Le gouvernement Cowen a été ainsi souvent accusé d'avoir cédé aux exigences des argentiers du FMI en mettant en oeuvre un plan d'austérité draconien.

Les enquêtes d'opinion prédisent une cuisante défaite pour le Fianna Fail, parti centriste de Brian Cowen qui pourtant domine la vie politique de l'Irlande depuis son indépendance, en 1922.

Selon le dernier sondage, publié début janvier, le Fianna Fail est crédité de 14% d'opinions favorables, contre 35% pour le principal parti d'opposition, le Fine Gael (centre), et 21% pour le Labour.

Ces deux formations d'opposition devraient s'entendre pour former un gouvernement de coalition, comme ils l'ont déjà fait par le passé. Or le Fine Gael, et surtout le Labour, ont promis de renégocier le plan de sauvetage international, et en particulier d'exiger une réduction du taux d'intérêt imposé à Dublin (5,83% en moyenne), à leurs yeux "punitif".

L'Irlande sort difficilement d'une profonde récession qui a entraîné la quasi-faillite des banques de l'île. Le gouvernement a été contraint de les renflouer, poussant les déficits publics à des niveaux astronomiques (32% du Produit intérieur brut actuellement).

Mais le Premier ministre a promis le "retour de la croissance", disant vouloir faire voter la loi de finances, essentielle à la mise en oeuvre du plan de sauvetage, avant le lancement de la campagne électorale, soit d'ici à la mi-février.

"Je crois que l'Histoire montrera que ce gouvernement a travaillé d'arrache-pied dans l'intérêt national pour mettre en oeuvre des décisions difficiles mais nécessaires", a-t-il déclaré devant le Dail, semblant déjà lancer la campagne.

Jamais plus combatif que dans l'adversité, il a défendu le bilan de son gouvernement, dont il a pris la tête en mai 2008, au moment où l'île commençait à s'enfoncer dans une crise "jamais vue depuis 80 ans", a-t-il dit.

La crise économique se double cependant d'une crise politique: le Premier ministre fait face à une mutinerie au sein de son parti, où se sont multipliés les appels à sa démission en tant que leader du Fianna Fail. Le Premier ministre a cependant remporté un vote de confiance organisé mardi au sein de son parti.