Le président par intérim et le Premier ministre ont quitté le RCD. Quatre ministres de l'opposition du gouvernement d'union nationale avaient auparavant rendu leur tablier pour protester contre le maintien d’'ex-ministres du président déchu.
Le président tunisien par intérim, Fouad Mebazaa, et le Premier ministre, Mohammed Ghannouchi, ont démissionné mardi du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti du président déchu Zine El-Abidine Ben Ali, a annoncé l'agence officielle tunisienne TAP.
Le RCD a par ailleurs annoncé dans un communiqué avoir radié de ses rangs l'ex-chef de l'État et six de ses collaborateurs alors que des centaines de manifestations ont eu lieu ce mardi aux cris de « RCD dégage ».
itCes deux initiatives interviennent après que plusieurs ministres de l’opposition ont annoncé, ce mardi en milieu de journée, qu’ils quittaient le gouvernement d’union nationale formé la veille. Trois d'entre eux sont membres de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), l'unique centrale syndicale du pays. Il s’agit d’Abdeljelil Bédoui, nommé ministre auprès du Premier ministre dans la nouvelle équipe, Anouar Ben Gueddour, secrétaire d’État aux Transports et à l’Équipement, et Houssine Dimassi, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle.
Secrétaire général du Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL), Mustapha Ben Jafaar, à qui l’on avait confié le portefeuille de la Santé, a, quant à lui, suspendu sa participation au gouvernement.
« Le gouvernement est fragile à la fois parce qu’il s’est imposé dans l’urgence pour combler la vacance du pouvoir et parce que le rapport des forces restera inconnu tant qu’il n’y aura pas d’élections libres », constate Virginie Herz, envoyée spéciale de France 24 à Tunis.
Refus de siéger avec des ministres de l’ancien régime
Le terme "révolution de jasmin", utilisé par de nombreux médias et gouvernements internationaux, n’est pas un très bon souvenir pour les Tunisiens. Cette appellation avait servi à désigner le "coup d’État médical" perpétré par Zine el-Abidine Ben Ali en 1987 contre le président en fonction Habib Bourguiba. FRANCE 24 a donc décidé de ne plus parler de "révolution de jasmin" à propos des événements en Tunisie qui ont mené à la fin du régime de Ben Ali, le 14 janvier.
Les membres de l'UGTT ont renoncé à leur poste après que leur organisation a affirmé qu'elle "ne reconnaissait pas" le gouvernement de transition, au terme d’une réunion extraordinaire.
"L'UGTT a décidé de quitter le gouvernement car elle refuse de siéger avec des ministres de l'ancien pouvoir", a expliqué à France24.com Houcine Abassi, secrétaire adjoint du syndicat. Elle craint que ceux-ci ne confisquent tous les acquis de la révolution. "Nous réclamons toujours la formation d'un gouvernement de salut."
Les représentants du syndicat siégeant au Parlement et à la Chambre des conseillers ont également démissionné, tout comme ceux du Conseil économique et social.
"Il est un peu ridicule de se battre pour des postes, a commenté l’économiste Moncef Cheikh-Rouhou sur l’antenne de FRANCE 24. Le gouvernement, qui a la mission bien particulière de préparer les élections législatives et présidentielle, ne sera plus là dans six mois", a-t-il ajouté.
Moncef Marzouki de retour
Lundi soir, Mohammed Ghannouchi a dévoilé la composition de l'équipe chargée de la transition. Celle-ci comprend huit ministres membres du RCD, qui conservent des postes stratégiques tels que les Affaires étrangères ou l'Intérieur.
Parmi les leaders des principaux partis d'opposition légaux, Ahmed Brahim, président du parti indépendant Ettajdid, est en charge de l'Enseignement supérieur et scientifique dans la nouvelle équipe.
Mardi matin, des milliers de Tunisiens ont manifesté dans plusieurs villes du pays pour dénoncer la présence, au sein du gouvernement de transition, de membres de l'équipe sortante. Quelque 5 000 personnes ont défilé à Sfax, dans le centre-est du pays, un millier à Regueb, dans le centre-ouest. Des rassemblements ont également eu lieu à Sidi Bouzid et à Kasserine.
Dans le même temps, les choses évoluent dans la perspective de la prochaine élection présidentielle, prévue dans six mois. Ce mardi, Moncef Marzouki, opposant historique au régime de Zine El-Abidine Ben Ali, est rentré en Tunisie. Il avait annoncé lundi qu’il serait candidat.