
Contraint d'abandonner les rênes d'Apple pour des raisons de santé, Steve Jobs assure rester impliqué dans les "décisions stratégiques" de l'entreprise. À la Bourse de Francfort, l'annonce de son retrait a quelque peu ébranlé l'action du groupe.
Pour la troisième fois dans l’histoire d’Apple, Steve Jobs prend un congé maladie prolongé. Le gourou américain des nouvelles technologies cède à son directeur général, Tim Cook, la gestion au quotidien du groupe. Et, pour la troisième fois, tout le monde s’interroge sur la capacité d’Apple à tenir le cap sans son charismatique patron.
Alors que le géant de Cupertino (Californie) doit annoncer ses résultats financiers semestriels ce mardi, la plupart des commentateurs ont le regard rivé dans le rétroviseur. Deux dates attirent particulièrement leur attention : le 1er août 2004 et le 14 janvier 2009. Steve Jobs s’étaient alors temporairement retiré des affaires.
Le 1er août 2004, le PDG d’Apple révèle au monde être atteint d’un cancer du pancréas qui, garantit-il alors, ne devrait le tenir éloigner des affaires qu’un petit mois. À l’époque, son absence n’a que peu d’effet sur le bon fonctionnement d’Apple. Il faut dire que la révolution iPhone n’a pas encore eu lieu.
Intenses rumeurs
L’histoire est tout autre le 14 janvier 2009. Après des semaines d’intenses rumeurs, Apple finit par reconnaître que son maître à penser n’est pas au mieux de sa forme. Le patron de la marque à la pomme est contraint de quitter provisoirement ses fonctions pour subir une transplantation du foie. Tim Cook assure alors l’intérim.
Dans un courriel envoyé à ses employés, Steve Jobs se dit "impatient de revoir tout le monde dans six mois". Pari tenu : il revient aux affaires en juin 2009. Mais, entre-temps, le monde de la finance a tremblé. Le jour de l’annonce de son retrait temporaire, l’action Apple perd 10 % de sa valeur.
Depuis le lancement en 2007 de l’iPhone, le succès de la société semble, aux yeux des spécialistes, lié corps et âmes à son patron. Mais c’est surtout le secret entourant l’état de santé de Steve Jobs qui a exacerbé les craintes des marchés. Rapidement, les places financières se sont calmées. Mieux, la valeur de l’action de la société a même gagné 60 % durant ses six mois de convalescence.
Nouvelle donne
La nouvelle absence de Steve Jobs aura-t-elle le même effet sur Apple que celle de 2009 ? Lundi, juste après l’annonce, le cours de l’action d’Apple a perdu plus de 7 % à la Bourse de Francfort. La bonne santé du groupe et celle de son grand patron semblent toujours étroitement liées, malgré les bons résultats enregistrés durant les six mois de régence de Tim Cook. "Il avait fait un très bon boulot en 2009, il n’y a aucune raison qu’il en soit autrement cette fois-ci", assure Gene Munster, l’un des principaux analystes financiers américains qui suit Apple.
Un détail toutefois change cette fois-ci la donne. Dans le courriel lapidaire envoyé lundi à ses employés, Steve Jobs n’évoque nullement une date de retour. Son "je reviendrais dès que je peux" n’a pas rassuré le site américain Slate, qui prophétise un départ définitif du charismatique PDG. Une incertitude qui a poussé, lundi, Mike Abramsky, analyste financier américain chez RBC Capital, à vivement déconseiller l’action Apple.
Dans ce contexte de "guerre des tablettes", une absence prolongée de Steve Jobs pourrait être dommageable à Apple. Face à la concurrence accrue sur ce marché - 100 concurrents potentiels à l’iPad ont été présentés lors du salon annuel du CES 2011 de Las Vegas -, tout le monde s’attendait à ce que Steve Jobs dévoile dans les semaines à venir un deuxième iPad.