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Nigeria : au nom de Dieu

Maisons brûlées, voitures calcinées, populations meurtries... Depuis dix ans, la ville de Jos, est en proie à des affrontements ethnico-religieux, opposant les communautés chrétiennes et musulmanes. Des crises de plus en plus violentes qui ont provoqué la mort de milliers de personnes. Reportage exclusif.

A l’origine, ce devait être une enquête sur ces milices qui sèment la terreur dans la ville de Jos, capitale de l’Etat du Plateau, au centre du Nigeria. Mais les événements en ont décidé autrement.

Le 24 décembre, des bombes ont explosé dans deux quartiers chrétiens de la ville. Nous sommes arrivés quelques heures après, au petit matin de Noël. Jos avait des allures de terrain de guerre. 32 personnes sont mortes, 74 autres ont été blessées dans sept explosions. Certains d'entre eux étaient en train de faire leurs courses de Noël en ville. Sous le choc, les populations alternaient entre consternation et un sentiment de vengeance très fort.

Située sur une frontière invisible entre un Nord majoritairement musulman et un Sud à dominante chrétien, Jos cristallise toutes les tensions. Voilà dix ans que les trois ethnies “indigènes” - pour la plupart de confession chrétienne - s’affrontent avec les membres des ethnies Haoussa et Fulani (Peuls), essentiellement musulmans et considérés comme des “migrants”.

Ce qui n’était au départ, qu’une bataille pour la propriété de la terre, s’est mué en un conflit religieux sanglant sous le poids de l’instrumentalisation politique. 2001, 2002, 2004, 2008... les crises se sont répétées. Trois pour la seule année 2010 et plus de 500 morts.

A chaque explosion de violence, l’armée est déployée en renfort et de présumés coupables sont arrêtés puis envoyés a Abuja, la capitale fédérale, pour y être jugés. Dans les faits, les véritables commanditaires de ces massacres ne sont jamais inquiétés.

Résultat : Jos s’est peu à peu fractionné. Quartier chrétiens d’un coté, zones musulmanes de l’autre. Quant aux populations, elles, se sont progressivement armées des deux cotés, pour assurer disent-elles, leur propre sécurité. Nourris par le chômage des jeunes et les inégalités, les griefs se sont radicalisés. Aujourd’hui, chacun se renvoie la responsabilité des massacres et voue une aversion à l’autre tenace.

Suite aux attentats perpétrés à la veille de Noël, des affrontements ont donc éclaté entre communautés chrétiennes et musulmanes.

Chronique d’une haine que les manœuvres militaires et policières peinent à endiguer.