Champion du monde en 1995 avec les "Barjots", Philippe Gardent entraîne aujourd'hui le club de Chambéry, leader du championnat français de handball. Il livre ses conseils aux Bleus qui font leur entrée vendredi au Mondial suédois.
Vendredi, les handballeurs français, tenants du titre, entreront de plain pied dans le championnat du monde qui se tient en Suède. Les Bleus rencontrent la sélection tunisienne pour leur premier match dans une poule qui peut réserver des surprises. Philippe Gardent, entraîneur de Chambéry, leader du championnat français, et ancien "Barjot" champion du monde en 1995, livre ses impressions à France24.com.
France24.com - La France arrive en Suède avec un titre de champion du monde à défendre. Dans quel état d’esprit l’équipe doit-elle aborder cette compétition ?
Philippe Gardent - Il faut garder celui qu’ils ont depuis le début. Ils doivent rester concentrés et continuer de regarder en avant avec l’envie de gagner chaque match. Il n’y a rien à inventer de ce côté-là.
À part l’Espagne et l’Allemagne, deux poids lourds du handball mondial, quel pays peut inquiéter la France dans ce groupe A ?
P. G. - La Tunisie n’est certainement pas l’équipe qui peut inquiéter la France. Il lui manque ses deux arrières évoluant à Montpellier [Wissem Hemam et Aymen Hammed, ndlr], les deux seuls à vraiment avoir un niveau de classe mondiale. Ce sera compliqué pour la Tunisie de battre l’Espagne, l’Allemagne ou la France. En revanche, l’Égypte est à prendre au sérieux. C’est une bonne équipe qui peut créer la surprise dans ce groupe.
Vous-même faites partie d’une génération qui a marqué le handball tricolore. Comment expliquez-vous que la France ait pu conserver sa place dans le haut de la hiérarchie mondiale pendant 20 ans ?
P. G. - Il y a deux explications à cela. La première est cette culture de la gagne qui a été insufflée par la génération en 1992 [ les "Bronzés", ndlr]. Celle-ci s’est ensuite transmise de génération en génération. Cela a été possible car les jeunes respectent le travail fait par les anciens. Ensuite, la formation à la française a joué un rôle important. Il y a beaucoup de critiques, de remises en question qui font évoluer notre jeu et relève notre niveau. Beaucoup de pays viennent nous voir pour s’inspirer de notre école.
Peut-on aujourd’hui parler d’un style de jeu français ?
P. G. - Oui, je crois qu’il existe un style à la française qui est à la fois varié et complet. La Ligue national de handball est un championnat très hétéroclite. Les championnats scandinaves ou espagnol sont beaucoup plus uniformes. L’Allemagne, par exemple, a un style de jeu très à plat et toutes les équipes vont jouer de cette manière. En France, les équipes se différencient beaucoup plus. Il y en a, par exemple, qui sont plus agressives en attaque, ce qui oblige leurs adversaires à adapter leur défense. Cet exercice pousse les équipes à développer un large panel technique et tactique et une variété de jeu qui n’a pas d’égal ailleurs.