logo

Alors que l’émotion est forte après la mort de deux otages français au Niger, Paris a donné sa version de l’opération militaire manquée et dépêche son ministre de la Défense à Niamey pour rencontrer ses homologues nigériens.

Recommandations du Ministère des affaires étrangères

Le ministère des Affaires étrangères demande aux ressortissants français se trouvant en Mauritanie, au Mali et au Niger de "faire preuve, plus que jamais, en tout temps et en tout lieu, de la plus grande vigilance". "Au regard de la menace terroriste qui pèse sur la région, aucun endroit ne peut désormais plus être considéré comme sûr", affirme le ministère des Affaires étrangères sur son site internet.

Opération déminage pour Alain Juppé. Le ministre de la Défense se rend dans la capitale nigérienne lundi pour rencontrer "les autorités nigériennes et la communauté française", deux jours après l'échec de la libération des deux otages français, Antoine de Léocour et Vincent Delory.

Dimanche soir sur TF1, Alain Juppé a justifié et assumé l’intervention dans laquelle les deux otages français ont trouvé la mort. "Voilà la décision qu'il fallait prendre, elle était grave, elle était lourde, nous l'avons prise et nous l'assumons pleinement", a plaidé le ministre, avant de détailler : "ne rien faire, c'était prendre un double risque. D'abord le risque de voir nos otages emmenés par les ravisseurs dans l'une de leurs bases refuges au Sahel, et l'on sait ensuite comment ils sont traîtés. Ensuite un deuxième risque, plus global : ne rien faire c'est donner le signal que la France ne se bat plus contre le terrorisme."

Une enquête judiciaire doit établir comment s’est déroulé ce "drame épouvantable dans sa brutalité, dans son absurdité". De son côté, Paris soutient que les deux otages ont été exécutés par leurs ravisseurs. Alors qu’aucune revendication n’a été formulée, le ministre de la Défense a dit avoir "peu de doutes" sur la responsabilité du réseau Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

"La décision, il faut la prendre très vite"

it
Antoine de Léocour et Vincent Delory

L'opération militaire franco-nigérienne destinée à libérer les deux Français enlevés vendredi soir à Niamey s'est soldée par la mort des otages près de 24 heures après le rapt. Au lendemain de cette manœuvre expresse, des zones d'ombre demeurent, et le colonel Thierry Burkhard, porte-parole du ministère de la Défense, ne les a pas totalement dissipées ce dimanche, devant la presse.

D’après lui, les forces nigériennes ont réagi très rapidement après l’enlèvement des deux jeunes Français. Elles ont poursuivi les terroristes, pendant que les militaires français mettaient en place "un dispositif de surveillance et d’interception". "La décision, il faut la prendre très vite : soit on y va, soit on laisse passer. Et ça devenait très dangereux pour les otages si on laissait passer", souligne une autre source dans l'état-major, citée par l’AFP.

"Au cours de la nuit de vendredi à samedi, un premier contact entre les terroristes et la gendarmerie nigérienne éclate, des coups de feu sont échangés. Le chef de détachement des forces nigériennes est blessé. Les terroristes parviennent à rompre le contact et prennent la direction du nord, vers le Mali", détaille le porte-parole du ministère de la Défense.

À la fin du deuxième accrochage, les deux otages sont retrouvés morts

Un peu plus tard dans la nuit, un avion de surveillance français Atlantique-2 (ATL-2), basé habituellement au Tchad voisin, et doté de moyens d'écoute et de vision de nuit, permet de localiser le détachement terroriste et ne le lâche plus pendant sa progression vers le nord du pays. "Il apparaît, à un moment, clairement qu’ils cherchent à se diriger vers une zone refuge dans laquelle ils vont trouver des soutiens". Au Mali ? Le colonel Burkhard refuse d’en dire plus. "La situation allait devenir extrêmement délicate pour les otages. Et l’opportunité de libérer les otages a été saisie."

À la fin de ce deuxième accrochage, dans lequel sont impliqués des hommes des forces spéciales de l'armée française, entraînés et équipés pour ce genre d'action en territoire difficile, "les corps des deux otages sont retrouvés sans vie". Trois gendarmes nigériens ont aussi été tués dans l'opération.

À ce stade, il semble que les deux otages français aient été exécutés par les terroristes. La configuration des lieux et comment s’est déroulé l’act

ion permet de le dire", souligne le colonel Burkhard. "On est sûrs que les otages n'ont pas été tués par un tir fratricide" des soldats français ou de l'armée nigérienne, renchérit un spécialiste défense cité par l’AFP.
C’est la troisième fois qu’un ressortissant français est tué au Sahel en six mois. En juillet dernier, Aqmi avait exécuté l'otage français Michel Germaneau en réponse à une opération militaire mauritanienne menée avec l'appui de l'armée française qui n'avait pas permis de libérer cet homme de 78 ans.

En septembre dernier, sept personnes employées par Areva, dont cinq Français, ont été enlevés à Arlit, dans le nord du Niger. Ils seraient actuellement détenus au Mali.