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Les deux Français enlevés vendredi soir à Niamey, la capitale nigérienne, ont été retrouvés morts samedi soir. Le ministère français de la Défense a fait le récit de l'opération militaire destinée à les libérer. Sans pleinement convaincre.

L'opération militaire franco-nigérienne destinée à libérer les deux Français enlevés vendredi soir à Niamey s'est soldée par la mort des otages près de 24 heures après le rapt. Au lendemain de cette manœuvre expresse, des zones d'ombre demeurent que le colonel Thierry Burkhard, porte-parole du ministère de la Défense, n’a pas totalement dissipées ce dimanche, devant la presse.

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Antoine de Léocour et Vincent Delory

D’après le colonel Burkhard, les forces nigériennes ont réagi très rapidement après l’enlèvement des deux jeunes Français, Antoine de Léocour et Vincent Delory. Elles ont poursuivi les terroristes, pendant que les militaires français mettaient en place "un dispositif de surveillance et d’interception". "La décision, il faut la prendre très vite : soit on y va, soit on laisse passer. Et ça devenait très dangereux pour les otages si on laissait passer", souligne une source dans l'état-major, citée par l’AFP.

"Au cours de la nuit de vendredi à samedi, un premier contact entre les terroristes et la gendarmerie nigérienne éclate, des coups de feu sont échangés. Le chef de détachement des forces nigériennes est blessé. Les terroristes parviennent à rompre le contact et prennent la direction du nord, vers le Mali", détaille le porte-parole du ministère de la Défense.

À la fin du deuxième accrochage, les deux otages sont retrouvés morts

Un peu plus tard dans la nuit, un avion de surveillance français Atlantique-2 (ATL-2), basé habituellement au Tchad voisin, et doté de moyens d'écoute et de vision de nuit, permet de localiser le détachement terroriste et ne le lâche plus pendant sa progression vers le nord du pays. "Il apparaît, à un moment, clairement qu’ils cherchent à se diriger vers une zone refuge dans laquelle ils vont trouver des soutiens". Au Mali ? Le colonel Burkhard refuse d’en dire plus. "La situation allait devenir extrêmement délicate pour les otages. Et l’opportunité de libérer les otages a été saisie."

À la fin de ce deuxième accrochage, dans lequel sont impliqués des hommes des forces spéciales de l'armée française, entraînés et équipés pour ce genre d'action en territoire difficile, "les corps des deux otages sont retrouvés sans vie.

À ce stade, il semble que les deux otages français aient été exécutés par les terroristes. La configuration des lieux et comment s’est déroulé l’action permet de le dire", souligne le colonel Burkhard. "On est sûrs que les otages n'ont pas été tués par un tir fratricide" des soldats français ou de l'armée nigérienne, renchérit un spécialiste défense cité par l’AFP.

Recommandations du Ministère des affaires étrangères

Le ministère des Affaires étrangères demande aux ressortissants français se trouvant en Mauritanie, au Mali et au Niger de "faire preuve, plus que jamais, en tout temps et en tout lieu, de la plus grande vigilance". "Au regard de la menace terroriste qui pèse sur la région, aucun endroit ne peut désormais plus être considéré comme sûr", affirme le ministère des Affaires étrangères sur son site internet.

L’opposition française demande à ce que toute la lumière soit faite

La rapidité de l’opération a-t-elle mis en danger les otages ? La question est complexe, répond Jean-Christophe Rufin, ancien ambassadeur de France à Dakar, interrogé par FRANCE 24. "L’expérience de Michel Germaneau et d’Edwin Dyer, otage anglais exécuté par le même groupe, montre qu’une fois que les ravisseurs sont en possession de leurs otages, il devient pratiquement impossible de faire des opérations contre eux. On entre alors dans des négociations très complexes. Le fait d’agir très vite est essentiel, mais c’est sûr que les vies humaines sont toujours menacées."

Depuis la Guadeloupe, où il effectue une visite officielle, le président français, Nicolas Sarkozy, a qualifié, dimanche, "l'assassinat" des deux Français d'"acte barbare perpétré par des barbares" et assuré que Paris n'accepterait "jamais le diktat du terrorisme et des terroristes". La première secrétaire du Parti socialiste (PS), Martine Aubry, a fait part de son "immense émotion", ajoutant que "toute la lumière devait être faite sur ce drame".

L'opposition a demandé à être reçue par le gouvernement pour être informée des circonstances de la mort des deux otages. Le Premier ministre, François Fillon, a accepté de recevoir les responsables parlementaires lundi en fin d’après-midi.