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Un attentat-suicide dans un bain public fait au moins 17 morts

Dix-sept personnes ont été tuées et plus de vingt blessés dans l'attaque d'un bain public à Spin Boldak, dans le sud de l'Afghanistan. L'attentat, revendiqué par les Taliban, visait un officier de police qui a péri dans l'explosion.

AFP - Un attentat suicide revendiqué par les talibans a tué 17 personnes, dont l'officier de police qui était visé, vendredi dans un bain public du sud de l'Afghanistan, pays où les attentats suicide sont fréquents mais visent plus rarement les lieux populaires.

C'est l'attentat le plus meurtrier depuis celui qui avait fait 20 morts le 8 octobre dans une mosquée de Kunduz (nord).

L'attaque a eu lieu vers midi (07H30 G MT) à Spin Boldak, localité frontalière du Pakistan, dans la province de Kandahar.

Dans la journée, le chef de la police criminelle d'un autre district de la province a été abattu par des inconnus à motos, a par ailleurs indiqué à l'AFP Khan Mohammad Mujahid, chef de la police provinciale.

A Spin Boldak, "dix-sept personnes ont perdu la vie dans l'attentat suicide", a annoncé à l'AFP Zalmay Ayoubi, porte-parole des autorités provinciales.

Un médecin du petit hôpital de la ville a indiqué sous couvert d'anonymat avoir reçu 23 blessés, dont 14 grièvement touchés. "Trois d'entre eux sont dans un état critique et ont été transférés à l'hôpital militaire de Kandahar", la capitale provinciale, a-t-il ajouté.

Le gouvernorat de la province a précisé dans un communiqué que l'attentat visait un officier de police qui a péri dans l'explosion.

Ce policier commandait l'unité de réaction rapide de la brigade locale de la police des frontières, a indiqué à l'AFP, sans plus de détails, le général Abdul Raziq, responsable de la police des frontières, joint à Kandahar.

Selon les autorités, tous les morts sont des civils, à l'exception du policier visé. Et seuls deux blessés sont des policiers, a indiqué le médecin de la clinique.

Les talibans, qui refusent généralement d'endosser la responsabilité d'attaques meurtrières contre des civils, ont revendiqué l'attentat en affirmant eux qu'il n'y avait, à l'intérieur de l'établissement, que des policiers.

"Il n'y avait aucun civil à l'intérieur", a assuré Yousuf Ahmadi, un des porte-parole des talibans, joint depuis Kandahar, expliquant que quand l'officier visé se rendait au bain, seuls ses hommes avaient le droit de s'y trouver.

L'établissement a été détruit par l'explosion, a indiqué à l'AFP Mujebullah, dont le magasin se trouve à proximité. Situé à moins d'un kilomètre de la frontière pakistanaise, l'endroit est un "marché très fréquenté".

"Beaucoup de gens, des routiers, des commerçants, se rendent au bain avant la prière du vendredi", a-t-il expliqué, affirmant que des vieillards et des enfants figuraient parmi les victimes.

En 2010, le conflit en Afghanistan a tué 1.292 policiers et plusieurs milliers de civils, selon le ministère afghan de l'Intérieur.

Les civils sont en majorité victimes d'attentats ou de bombes artisanales le long des routes, les deux armes favorites des insurgés qui combattent le gouvernement et ses alliés des forces internationales depuis que ces dernières ont chassé les talibans du pouvoir fin 2001.

Le sud de l'Afghanistan est l'un des bastions des talibans, dont la rébellion a gagné du terrain et en intensité ces dernières années.

Les violences se sont récemment intensifiées dans la région de Kandahar, ancienne capitale du régime taliban, malgré le renfort de plusieurs dizaines de milliers de soldats étrangers.

Les attentats suicide, qui visent habituellement le gouvernement ou les forces afghanes et internationales, sont beaucoup plus rares dans des lieux publics fréquentés. Néanmoins, plusieurs y ont été perpétrés dans la région de Kandahar. En juin dernier, un attentat suicide en plein milieu d'un mariage y avait fait 50 morts et 87 blessés.

Washington a annoncé l'envoi 1.400 Marines supplémentaires en Afghanistan et leur déploiement dans le sud, avant un début de retrait progressif des forces de l'Otan censé débuter mi-juillet.