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Le gouvernement pakistanais retrouve une majorité

Au grand soulagement du Premier ministre, le gouvernement va retrouver une majorité à l'Assemblée nationale après la décision du Muttahida Qaumi Movement (MQM) de revenir au sein de la coalition au pouvoir qu'il avait quittée le 2 janvier.

AFP - La coalition au pouvoir au Pakistan est redevenue majoritaire vendredi avec le retour en son sein du Muttahida Qaumi Movement (MQM) qui l'avait quittée cinq jours plus tôt, éloignant au moins temporairement le spectre d'un renversement du gouvernement.

Le MQM a décidé de ne pas lâcher le faible gouvernement mené par le Parti du peuple pakistanais (PPP) déjà confronté à la pression des conservateurs religieux et à d'énormes problèmes sécuritaires, comme l'a montré mardi l'assassinat du gouverneur du Pendjab Salman Taseer au coeur d'Islamabad.

Cette annonce allège la pression qui pesait sur le PPP depuis que son allié, mécontent de la politique du gouvernement, avait annoncé son départ de la coalition dimanche dernier, plaçant la coalition en minorité au parlement.

Mais elle ne met pas fin à la crise politique, le parti au pouvoir restant plus que jamais sous la pression de ses alliés qui lui réclament des réformes, notamment en matière de lutte contre la corruption.

"Le MQM annonce qu'il siègera avec le gouvernement dans l'intérêt du pays et de la démocratie", a déclaré un de ses dirigeants, Raza Haroon, lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre Yousuf Raza Gilani à Karachi (sud).

Le parti a "décidé de se sacrifier" au vu de "la détérioration de la situation sécuritaire et des conditions économiques vécues par la population", a-t-il ajouté.

"Nous apprécions l'attachement du MQM à la démocratie au Pakistan et espérons que notre association durera longtemps dans le plus grand intérêt de la population", a déclaré Yousuf Raza Gilani visiblement soulagé.

Le Premier ministre s'était rendu dans la journée à Karachi, bastion du MQM, pour convaincre ses dirigeants de revenir dans la coalition, plaçant le gouvernement en minorité au parlement.

La veille au soir, M. Gilani avait fait un pas en avant vers le MQM en annulant l'augmentation du prix du pétrole récemment décidée par son gouvernement, l'une des principales revendications de son ex-allié.

Cette décision a été critiquée par Washington, l'un des principaux bailleurs de fonds et allié du Pakistan, qui a dénoncé une "erreur" économique.

Mardi, le chef de l'opposition Nawaz Sharif avait lancé un ultimatum à M. Gilani, en lui donnant six jours pour prendre onze mesures, dont l'annulation de la hausse des prix du carburant. Le Premier ministre, qui a assuré que son gouvernement ne tomberait pas, a depuis multiplié les consultations.

Le gouvernement de M. Gilani est au pouvoir depuis moins de trois ans. Aucun gouvernement civil au Pakistan, où l'armée est réputée détenir le vrai pouvoir, n'a jamais réussi à se maintenir durant toute une législature.

Aucun des partis d'opposition n'a semblé toutefois ces derniers jours prêt à faire chuter le gouvernement et risquer de déstabiliser un pays déjà très fragilisé par la rébellion islamiste, l'inflation galopante et les inondations de l'été dernier, et sous la pression du Fonds monétaire international (FMI).

La crise politique inquiète les alliés du Pakistan, à commencer par Washington qui craint lui aussi qu'une chute du gouvernement ne déstabilise encore plus le pays. Les Etats-Unis ont entamé après les attentats du 11 septembre 2001 un partenariat difficile avec le Pakistan pour combattre la rébellion islamiste dans ce pays et en Afghanistan.

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