
L’Estonie est devenue, au 1er janvier, le premier pays balte à se convertir à la monnaie unique. Une décision voulue de longue date par les hommes politiques, mais qui irrite la population à l'heure où l'euro traverse une crise sans précédent.
La couronne est morte, vive l’euro ! L’Estonie devient le 1er janvier 2011 le 17e pays de l’Union européenne à adopter la monnaie unique. Le pays se prépare à ce changement depuis cinq ans. Il intervient alors que la zone euro connaît sa plus importante crise.
L’Estonie a rejoint l’Union européenne en 2004. Contrairement à ses voisins, la Lettonie et la Lituanie, ce pays balte, le plus petit de l’UE, a traversé la crise financière mondiale sans trop d’encombres. Sa dette publique, estimée à 8% du PIB, est la plus basse de l’Union.
Depuis que l’Estonie s’est mise en tête d’adopter l’euro, le gouvernement a soumis le pays à une sévère cure d’austérité. La hausse des prix, les importantes coupes dans les dépenses de l’État et un chômage qui avoisine 16% n’ont pas rendu le projet d’adoption de la monnaie unique très populaire. Selon une étude indépendante, environ 43% des Estoniens sont opposés à l’euro.
“Les prix grimpent, mais nos salaries stagnent”, raconte Julia Zalutskaja, qui habite Talinn, capitale du pays. "C’est un peu comme si nous revenions au début des années 1990, lorsque nous étions pauvres", ajoute-t-elle.
Un "pyschodrame" passager pour les Estoniens
D’autres sont moins pessimistes. "Le commerce avec l’Allemagne et la France devrait, notamment, connaître un véritable essor", estime Frédéric Bonnevay, économiste à l’Institut Montaigne, un "think tank" français. Les craintes de la population ne seraient, selon lui, qu’un "psychodrame" passager.
Le passage à l’Euro pourrait inciter les autres pays baltes à emboîter le pas à l’Estonie. "Il n’y a pas vraiment de logique à rester hors de la zone euro, puisque pour l’instant nous subissons toutes les restrictions des États membres sans en avoir les avantages", a reconnu à l’AFP Ingrida Simonyte, ministre lituanienne des Finances. La monnaie lituanienne, comme celle de la Lettonie, dépend déjà grandement de l’euro.
En Estonie, malgré les critiques, la population est résignée. "J’aime ma monnaie au même titre que les Anglais apprécient la livre sterling, mais nous avons choisi la voie européenne, et comme mes compatriotes, je saurai être loyale à cette décision", assure Julia Zalutskaja.