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"La crise grecque a pris l'Europe au dépourvu"

Agnès Chevallier est économiste au Centre d'études prospectives et d'informations internationales (Cepii), l'un des principaux instituts de recherche français en économie internationale.

France24.com a demandé à cinq économistes de différents pays de retenir et d'analyser cinq faits marquants de l'actualité économique de 2010. Voici ceux choisis par la Française Agnès Chevallier.

1- Les crises grecques et irlandaises

La crise grecque a pris l'Europe au dépourvu. Il a fallu plusieurs mois pour trouver des solutions. Les gouvernements ont finalement contourné l'esprit du Traité de Rome (à l'origine de la construction européenne). Ils ont débloqué des prêts à la Grèce et créé le Fonds européen de stabilité financière, un mécanisme destiné à financer les pays en difficultés sous certaines conditions. Quelques mois plus tard, l’Irlande a obtenu l’aide combinée du Fonds européen et du FMI. Un sauvetage qui n'a pas rassuré les marchés. Ils s’attendent à une restructuration de la dette publique irlandaise, signifiant des pertes pour tous les créanciers de ce pays.

2- Plans d'austérité en Europe

Partout en Europe, des plans d'austérité sont mis en place pour réduire les dettes publiques. Mais on peut craindre que la réduction des dépenses ne provoque une baisse de l'activité et de l'emploi et ne rende encore plus critique la situation des finances publiques. La fiscalité devrait également être réformée. Il faudrait l'augmenter dans les pays qui avaient fait baisser la pression fiscale avant la récession. Mais surtout, il faudrait trouver un moyen de la rendre plus efficace pour soutenir la croissance.

3- La régulation de la finance aux Etats-Unis

En juillet 2010, après d’intenses débats et de multiples amendements, la loi Dodd-Frank sur la régulation financière est adoptée. La mesure phare est la mise en œuvre de la règle " Volcker" qui consiste, dans l’esprit du Glass-Steagall Act adopté suite à la crise de 1929 et abrogé en 2008, à séparer les activités des banques. Il y a les plus classiques (dépôt, crédit) qui bénéficient de garanties publiques et celles qu'elles mènent en misant leur capital dans des activités d’arbitrage et de spéculation. La loi permettra aussi à la Fed (ou Réserve fédérale, ndlr) d'organiser, le cas échéant, le démantèlement des institutions financières même les plus importantes pour ne pas faire porter aux contribuables le coût de leur sauvetage.

4- La réforme du système de santé américain

Le 21 mars 2010, au terme d'une rude bataille politique, la réforme du système de santé présentée par le président Obama a été adoptée par la Chambre des représentants à une courte majorité. Cette réforme qui fournira une protection sociale aux 32 millions d’Américains non assurés étendra la couverture sociale à 95% de la population. Les entreprises de plus de 50 salariés qui n’offriront pas de couverture sociale seront pénalisées. Mais les opposants à cette réforme continuent de mener la bataille sur tous les fronts. 

5- La Chine et la guerre des monnaies

Le 21 juin 2010, la Chine met fin à l'ancrage strict du yuan au dollar qu'elle avait adopté durant la crise. Les autorités veulent maîtriser l'appréciation de la monnaie vis-à-vis du dollar. Pékin souhaite aussi, au quotidien, décourager la spéculation sur une appréciation du yuan. Les écarts de rendement font à nouveau affluer les capitaux vers les économies émergentes. Leurs banques centrales interviennent pour contrer l'appréciation de leurs monnaies et plusieurs pays mettent en place des contrôles à l'entrée de capitaux à court terme.

Pour retrouver les analyses de quatre autres économistes interrogés par France24.com sur les événements de l’année 2010, cliquez ici.