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Le nouvel exode irlandais

Entre plan de rigueur, intervention du FMI et crise immobilière, les Irlandais ne croient plus en leur avenir. Résultat de cette crise brutale, les jeunes diplômés décident de quitter le pays. Quand ils le peuvent.

Damien, 28 ans, va quitter l’Irlande. Le jeune homme a une maîtrise d’urbanisme en poche, et fait partie des plus chanceux. Il a un travaill : secrétaire dans une agence de voyage. Un job qui lui permet de subsister, mais qui est loin de répondre à ses ambitions. L’Australie recherche 500 000 ouvriers qualifiés… Damien part en janvier prochain.

Cette année, ils sont déjà 70 000 à avoir déserté l'Irlande. Pour la première fois depuis 15 ans, il y a plus de départ que d'arrivées en Irlande. Dans ce pays ravagé par la crise économique, les seules entreprises qui en profitent sont les agences de visas.

Comme à chaque crise majeure, les Irlandais quittent leur pays. Les étudiants qui seront diplômés en fin d’année y pensent déjà. Tous savent que leur avenir passe par l’émigration. Les paysages qu’ils voient autour d’eux ne les incitent pas à rester. Depuis l’explosion de la bulle immobilière, les villages fantômes fleurissent dans le pays, les panneaux "A VENDRE" et les chantiers laissés à l’abandon envahissent les rues.

Le travail est devenu une obsession en Irlande. A l'institut technologique de Dublin, les futurs diplômés étudient la construction... en sachant qu'ils sortiront chômeurs. Helen a compris la seule utilité de ses études : s'exporter.

Ceux qui restent ne l’ont pas choisi. James est l’une des victimes de la crise. Lui et sa femme ont perdu leur travail. Avec leurs maigres allocations, ils doivent payer leur maison… et nourrir leurs trois enfants. Vendre la maison aujourd’hui équivaudrait pour le couple à perdre 150 000 euros, à cause de la baisse de l’immobilier. Et il n’y a pas d’acheteur de toute façon. Ils sont coincés, presque prisonniers en Irlande.

Le peuple manifeste sa colère, de plus en plus bruyamment dans les rues de Dublin. Le pays vit sous perfusion du FMI et le gouvernement a annoncé un plan de rigueur de 15 milliards d’euro. 4 000 euros par Irlandais… des Irlandais qui ne veulent pas payer pour les erreurs de quelques uns. D’autant que ceux qui ont les moyens s’en vont : 4 000 euros, c'est le prix pour s’installer en Australie.