
Silvio Berlusconi est attaqué de toutes parts, à quelques heures du vote de confiance du Parlement susceptible de faire tomber son gouvernement. L’avenir du président du Conseil ne tient plus qu’à un fil : le Cavaliere joue son va-tout.
Le Cavaliere joue actuellement sa survie politique. Lundi, à la veille d’un vote de confiance crucial au Parlement, le chef du gouvernement italien a tendu la main aux centristes et aux modérés en leur proposant un "pacte de législature". Mardi, le vote s’annonce plus que serré à la Chambre, où les députés doivent se prononcer sur deux motions de censure (une de l'opposition de gauche et une des centristes et des proches de Gianfranco Fini).
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Pour Silvio Berlusconi, cette session parlementaire est particulièrment risquée. Il ne dispose plus de la majorité à la Chambre depuis le départ de son ex-allié, Gianfranco Fini, qui a formé le groupe de centre-droit Futur et Liberté. "Le vote se joue à quelques voix près, peut-être même à une voix près", estime Pierre Musso, professeur à l’Université de Rennes et auteur de "Berlusconi, nouveau prince" (Editions de l’Aube). "Ce n’est pas la première fois que le président du Conseil subit une motion de défiance, mais cette fois, le risque est grand pour lui : il lui faut rassembler 314 voix à la Chambre, il n’en dispose pour l’heure que de 311", poursuit-il sur l’antenne de FRANCE 24.
Une main tendue aux "centristes et modérés"
Lundi, Silvio Berlusconi a donc tenté le tout pour le tout devant le Sénat. Il a proposé "un pacte de législature aux centristes et à tous les modérés" pour éviter une crise gouvernementale. "Il faut reconstruire l’alliance de toutes les forces modérées", a déclaré le chef du gouvernement italien en tendant la main à ses anciens alliés du groupe Futur et Liberté pour l’Italie, mené par Gianfranco Fini, et aux centristes de l’UDC.
Dans un contexte économiquement difficile, une déstabilisation politique du pays serait selon lui "une pure folie". "Nous avons besoin de continuité, d’une parfaite efficacité, de capacité de décision, de tout, sauf d’une crise avec un saut dans l’inconnu", a-t-il insisté pour plaider sa propre reconduction au poste de président du Conseil.
Un discours qui n’a pas convaincu tous les centristes. Certains sont même sortis de l’hémicycle avant la fin du discours. "Plusieurs sénateurs centristes que j’ai rencontrés à l’issue de l’intervention de Berlusconi m’ont affirmé qu’ils ne saisissaient pas bien cet appel à un pacte, rapporte Sonia Logre-Grizzi, correspondante de FRANCE 24 à Rome. Ils ont affirmé qu’ils avaient tenté d’ouvrir un dialogue pendant un an et demi avec la majorité et qu’ils n’avaient pas été entendus".
Si Silvio Berlusconi est désavoué par le Parlement, deux options sont possibles pour les dirigeants italiens. La première serait la formation d’un nouvel exécutif aux mains d’une coalition élargie. La seconde serait la convocation d’élections législatives anticipées. "Ce second scénario est très redouté dans l’opposition, car la gauche est très morcelée", explique Sonia Logre-Grezzi. "Elle ne dispose pas encore d’un chef véritablement charismatique".
Un "nouveau prince" emporté par une vague de scandales
Pierre Musso partage cette dernière analyse. "La gauche italienne, malgré les difficultés de Berlusconi, ne progresse pas. Aujourd’hui, il n’y a donc pas d’alternative réelle à gauche ni même dans les rangs du centre-gauche. Du coup, Berlusconi dispose encore d’une bonne marge de manœuvre".
Ce vote intervient à un moment critique pour le Cavaliere. Les scandales politiques, judiciaires et les affaires de mœurs se multiplient autour du président du Conseil, entachant sérieusement sa réputation et sa crédibilité. "Le dernier scandale sexuel en date, impliquant une mineure, a vraiment choqué les Italiens", rappelle Sonia Logre-Grezzi. Le Cavaliere est également poursuivi pour corruption de témoin et évasion fiscale. Vendredi, le parquet de Rome a ouvert une nouvelle enquête susceptible de l’éclabousser, après que des membres de son camp ont été accusés d’avoir tenté d’acheter des parlementaires d’opposition.