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Le ministre de la Justice prend fait et cause pour les magistrats

Dans un entretien au "Parisien, le garde des Sceaux, Michel Mercier, a répondu à son collègue de l'Intérieur, Brice Hortefeux, qui avait jugé "disproportionnée" la condamnation à de la prison ferme de sept policiers.

AFP - Le ministre de la Justice Michel Mercier a répliqué dimanche à son collègue de l'Intérieur Brice Hortefeux dans la polémique sur les sept policiers condamnés à Bobigny et a défendu les magistrats contre les accusations de laxisme envers les délinquants.

En réponse à M. Hortefeux, qui avait qualifié dès vendredi soir de "disproportionnée" la condamnation des policiers à de la prison ferme, M. Mercier a défendu son pré carré dans un entretien au journal Le Parisien: "Je rappelle simplement que lui n'est pas ministre de la Justice, mais qu'il est chargé des policiers".
             

Refusant de commenter "une procédure judiciaire en cours" dans l'attente de la décision qui sera rendue en appel, il a affirmé qu'"à Bobigny la justice a fonctionné" et appelé "tout le monde au calme".

M. Hortefeux, invité d'une émission politique radio-télévisée en début de soirée, aura l'occasion de lui répondre. Samedi devant le conseil national de l'UMP, il avait précisé s'être entretenu vendredi soir et dimanche matin avec son homologue de la Justice.

Avant M. Mercier, l'ex-garde des Sceaux Michèle Alliot-Marie avait dû à plusieurs reprises défendre ses prérogatives face au fidèle de Nicolas Sarkozy.

"Les propositions en matière pénale sont faites soit par le ministre de la Justice, soit par les parlementaires", avait-elle sèchement répondu lorsque le ministre de l'Intérieur avait annoncé des sanctions pénales "aggravées" en cas d'agression de personnes âgées, après un double meurtre de retraités dans l'Oise en janvier.

En septembre, une longue interview de M. Hortefeux au Figaro Magazine où il faisait plusieurs propositions censées remédier à un supposé laxisme des magistrats, avait fait se gausser la gauche: "je ne savais pas Hortefeux garde des Sceaux bis", avait ironisé l'ancien ministre socialiste Robert Badinter.

Mettre un terme à la polémique police-justice
             

M. Mercier a récusé les accusations de laxisme des magistrats, renouvelées en des termes très vifs vendredi soir par les syndicats de policiers Alliance et Synergie-Officiers. Ce dernier avait affirmé que le tribunal de Bobigny est connu pour "remettre dehors à tour de bras les trafiquants de stupéfiants, braqueurs, auteurs de tentatives d'homicide, etc".

"Je ne laisserai jamais dire que les magistrats sont laxistes. C'est totalement faux. Ils effectuent leur travail avec sérieux et responsabilité", a répondu le garde des Sceaux.

Il avait dans un premier temps donné l'impression de vouloir ménager tout le monde, en refusant samedi d'alimenter toute "polémique".

Dans Le Parisien, M. Mercier a souligné que "les policiers comme les juges travaillent dans des conditions très spécifiques" en Seine-Saint-Denis. "C’est pourquoi ils doivent être encore plus irréprochables qu’ailleurs".

Les sept policiers ont été condamnés à des peines de six mois à un an de prison ferme pour avoir accusé un automobiliste d'avoir renversé l'un d'eux, alors qu'il avait été percuté par une voiture de police.

Les syndicats de magistrats, qui s'étaient étonnés du silence de leur ministre depuis vendredi, ont salué ses propos, même si le président de l'Union Syndicale des Magistrats (USM, majoritaire), Christophe Régnard, les a jugés "un peu tardifs".

"C'est positif", a estimé le secrétaire général du Syndicat de la Magistrature (SM, classé à gauche) Matthieu Bonduelle, soulignant toutefois que "cette réaction est relativement modérée face à la violence des attaques" contre les magistrats.