La gouvernement espagnol, qui a décrété samedi l'état d'alerte pour mettre fin à la grève des controleurs aériens qui a paralysé pendant 24 heures le trafic dans tout le pays, envisage de prendre de "nouvelles mesures" si la crise perdure.
AFP - Le gouvernement espagnol "n'hésitera pas" à prendre de nouvelles mesures afin d'éviter une crise semblable à celle provoquée le week-end dernier par la grève des contrôleurs aériens, a déclaré jeudi le chef du gouvernement Jose Luis Rodriguez Zapatero.
Le gouvernement "n'hésitera pas à utiliser tous les instruments de l'Etat de droit pour éviter ou mettre fin à une situation comme celle que nous avons vécue", a déclaré M. Zapatero.
"Personne, ni individuellement ni collectivement ne peut prendre en otage de ses revendications l'ensemble des citoyens", a-t-il ajouté en expliquant devant les députés les raisons qui ont conduit son gouvernement à décréter l'état d'alerte.
Le gouvernement espagnol avait pris samedi cette mesure, sans précédent depuis la fin de la dictature franquiste en 1975, pour mettre fin à une grève sauvage des contrôleurs aériens qui a paralysé pendant 24 heures le trafic dans tout le pays.
En vertu de cette mesure, le contrôle aérien a été placé sous l'autorité de l'armée pour 15 jours.
"Nous ne serons en état d'alerte ni un jour de plus ni un jour de moins que ce dont ont besoin le pays et les citoyens pour pouvoir circuler librement sans risquer d'être l'objet d'un chantage de la part des contrôleurs", a déclaré M. Zapatero.
Les contrôleurs ont agi "en rébellion ouverte contre l'Etat de droit et ses institutions" et sont responsables d'un "affront à l'ordre constitutionnel qui devait être abordé comme tel", a-t-il ajouté.
Le chef du gouvernement a précisé que 190 militaires de l'armée de l'air avaient été mobilisés dans les tours de contrôle pour superviser le trafic aérien, ainsi que 2.000 policiers, des membres de la protection civile et de l'Unité militaire d'urgence, pour assurer la sécurité des aéroports.
Il a ajouté que plus de 200.000 passagers avaient été affectés par cette grève sauvage.
M. Zapatero avait évoqué lundi l'éventualité d'une prolongation de l'état d'alerte au delà de 15 jours. Le quotidien de centre-droit El Mundo avait lui affirmé que la mesure pourrait être prolongée "jusqu'à deux mois" afin notamment d'éviter de nouvelles perturbations au moment des vacances de fin d'année.
L'autorité de gestion des aéroports (Aena) a ouvert "plus de 430 procédures disciplinaires" contre les contrôleurs grévistes, a indiqué M. Zapatero, tandis que le parquet a demandé l'ouverture de poursuites pénales contre les contrôleurs à la suite de centaines de plaintes déposées par des passagers.
La grève sauvage avait été déclenchée vendredi soir par les contrôleurs, qui protestaient contre un décret gouvernemental plafonnant à 1.670 heures par mois leur temps de travail, ce qui limite leur salaire.
Douze contrôleurs aériens qui devaient être entendus jeudi par un procureur de Madrid ont refusé de répondre à ses questions, alors qu'ils risquent jusqu'à huit ans de prison pour "sédition".
Les contrôleurs contestent la compétence du parquet de Madrid pour mener l'enquête sur cette affaire, estimant qu'elle est du ressort de la justice militaire puisque le gouvernement a pris un décret plaçant l'espace aérien sous tutelle militaire, a expliqué le procureur Eduardo Esteban.
Environ 175 contrôleurs aériens qui ont abandonné leur poste de travail vendredi et samedi sont l'objet d'une enquête pour "sédition".
Simultanément, le syndicat des contrôleurs USCA a présenté un recours devant le Tribunal suprême contre l'activation de l'état d'alerte et la militarisation du contrôle aérien.