logo

Sarkozy et Assad, une amitié franco-syrienne contestée

Le président syrien Bachar al-Assad entame une visite officielle de deux jours en France au cours de laquelle il doit s'entretenir avec Nicolas Sarkozy. Retour sur une amitié récente que les États-Unis ne voient pas forcément d'un très bon œil.

Le président syrien, Bachar al-Assad, est attendu à l'Elysée ce jeudi pour un déjeuner de travail. Le dirigeant syrien doit effectuer une visite officielle de deux jours. Il s’agit de la première visite en France de l'homme fort de Damas depuis novembre 2009. Interrompu par Jacques Chirac, le dialogue avec la Syrie a été renoué un an auparavant par son successeur Nicolas Sarkozy au nom d’une diplomatie pragmatique. Isolé par la communauté internationale à la suite de l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, Bachar al-Assad est alors revenu par la grande porte sur la scène internationale.

"Sarkozy s’est rendu compte qu’aujourd’hui aucun pays, aussi grand et puissant soit-il, ne peut se positionner au Moyen-Orient sans passer par Damas", explique le journaliste syrien et directeur de la revue Afrique-Asie, Majed Nehmé. Ce revirement spectaculaire a permis, selon l’Élysée, l’élection du président libanais Michel Sleimane en 2008 avec le soutien du Qatar et l'établissement de relations diplomatiques entre le Liban et la Syrie.

Washington reste sceptique

Pourtant, cette politique de la main tendue ne fait pas l’unanimité, notamment du côté des États-Unis qui reprochent notamment à Damas son soutien aux mouvements pro-iraniens du Hamas et du Hezbollah. Selon des télégrammes diplomatiques dévoilés par WikiLeaks et publiés par le journal Le Monde, Washington se montre sceptique quant à l’efficacité de cette diplomatie d’ouverture.

"Les officiels français sont convaincus que le geste de Sarkozy en direction de la Syrie a fait du président Assad un partenaire plus productif pour la résolution des problèmes dans la région – bien qu'ils aient du mal à fournir des exemples concrets de ce changement", analysent des diplomates américains.

Dépeint comme "un gros pari" comportant des "risques", le rapprochement "précipité" avec le régime syrien a été opéré sans conditions, regrette un diplomate américain dans un télégramme. "Il fallait aller moins vite, à l’instar des États-Unis qui ont institué un système de donnant-donnant avec Damas", note Georges Malbrunot, journaliste spécialiste du Moyen-Orient au Figaro.

Le Liban abordé jeudi à l’Élysée

"En réalité, la France n’a rien gagné de sa relation avec Damas, excepté peut-être l’ouverture d’une ambassade syrienne au Liban", analyse Georges Malbrunot. Toujours est-il qu’après avoir reçu son homologue syrien à Paris, en juillet 2008, à l’occasion du premier sommet de l’Union pour la méditerranée (UPM), Nicolas Sarkozy a été le premier chef d’un État occidental à se rendre à Damas, en septembre 2008, depuis six ans.

Au cours d’un déjeuner de travail avec Nicolas Sarkozy, jeudi, à l’Élysée, les deux dirigeants aborderont les grands enjeux régionaux. Outre la relance du processus de paix, au point mort entre Palestiniens et Israéliens, il sera notamment question de la stabilité du Liban. La France compte sur la Syrie pour peser sur ses alliés locaux pour calmer les esprits.