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Liliane et Françoise Bettencourt se réconcilient

La mère et la fille Bettencourt ont passé un accord pour mettre fin aux différends judiciaires qui les opposent. La seconde a décidé de retirer les plaintes qu'elle avait déposées contre François-Marie Banier, qui va en faire autant.

REUTERS - L'héritière de la fortune L'Oréal Liliane Bettencourt et sa fille ont annoncé lundi leur réconciliation, mettant un terme à trois ans d'un conflit qui a pris des allures de scandale politico-financier depuis l'été.

Les deux femmes "se sont rapprochées" et abandonnent toutes les procédures judiciaires "qui ont perturbé leur vie familiale" depuis 2007, peut-on lire dans un communiqué commun.
En parallèle, Françoise Bettencourt-Meyers et le photographe François-Marie Banier, qu'elle accusait d'abus de faiblesse envers sa mère dont il a obtenu un milliard d'euros au fil des ans, ont signé un accord qui met fin à leurs différends judiciaires.
Grâce à ces accords, Liliane Bettencourt, 88 ans, "sera libre de toute entrave", s'est félicité l'avocat de Françoise Bettencourt-Meyers, Me Olivier Metzner. François-Marie Banier ainsi que le gestionnaire de fortune Patrice de Maistre "disparaissent de son entourage", a-t-il expliqué sur France 2.
Selon l'avocat de Liliane Bettencourt, Pascal Wilhelm, la mère et la fille devaient se rencontrer lundi pour sceller cette réconciliation qui est le résultat de trois semaines de tractations secrètes.
Dans leur communiqué, Liliane et Françoise Bettencourt disent vouloir "se tourner vers l'avenir" après des années de guerre ouverte par avocats et médias interposés.
HARMONIE FAMILIALE
"La décision que Françoise et moi avons prise est pour moi source d'espérance", dit la femme la plus riche de France. "Cette entente nous fait enfin retrouver l'harmonie familiale", souligne sa fille dans le communiqué.
Elles précisent qu'elles ne feront pas de commentaires supplémentaires sur l'affaire et "souhaitent désormais vivre en toute sérénité".
Les dispositions de leur accord sont "personnelles et confidentielles" mais toutes deux citent l'avenir du groupe de cosmétiques L'Oréal qui peut ainsi "poursuivre sa merveilleuse épopée", selon les mots de Françoise Bettencourt-Meyers.
L'annonce surprise de la réconciliation entre la fille et la mère a été précédée par l'abandon des poursuites engagées entre Françoise Bettencourt-Meyers, François-Marie Banier et Fabrice Goguel, auteur présumé d'un montage financier ayant permis de dissimuler au fisc l'achat d'une île dans les Seychelles.
Dans un message aux salariés de L'Oréal, le directeur général du groupe, Jean-Paul Agon, se dit "très heureux" du rapprochement entre Liliane Bettencourt et sa fille.
"Ce dénouement heureux est également très positif pour notre groupe et ses collaborateurs, d'autant plus que la famille s'est exprimée de manière forte et unie sur son attachement à l'entreprise", ajoute-t-il.
Selon Pascal Wilhelm, Liliane Bettencourt restera présidente de la holding Tethys, qui représente la famille Bettencourt dans L'Oréal. L'époux de Françoise Meyers, Jean-Pierre Meyers, en devient le directeur général et leurs deux fils entrent dans le conseil de surveillance.
Patrice de Maistre cessera d'être gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt le 31 décembre.
LE VOLET POLITIQUE SE POURSUIT
Rien ne laissait présager une telle issue. Mi-novembre, la nouvelle demande de mise sous tutelle de la milliardaire, principale actionnaire de L'Oréal, avait été jugée recevable par la juge des tutelles de Courbevoie. Françoise Meyers avait transmis au juge la transcription d'enregistrements clandestins réalisés par un employé de sa mère, démontrant à ses yeux son état de faiblesse.
Une semaine plus tard, le tribunal de Nanterre validait des poursuites engagées par Françoise Bettencourt pour abus de faiblesse contre Patrice de Maistre et Fabrice Goguel, l'avocat fiscaliste de sa mère.
Ces poursuites venaient compléter une citation directe délivrée en 2009 visant François-Marie Banier.
Dans le volet politico-financier de cette affaire à rebondissements, des soupçons de "trafic d'influence" et de "financement illicite de parti politique" pèsent notamment sur l'ex-ministre du Travail Eric Woerth, appelé à être prochainement réentendu.
Ce dernier, trésorier de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy en 2007, est soupçonné d'avoir obtenu de l'argent de la famille Bettencourt et la justice enquête pour vérifier s'il existe en lien entre ce financement et l'octroi à Patrice de Maistre de la Légion d'honneur.
L'ex-comptable de Liliane Bettencourt Claire Thibout affirme qu'Eric Woerth a reçu 150.000 euros en espèces de l'entourage de l'héritière.