, envoyé spécial à Abidjan – les Ivoiriens attendent maintenant que la Commission électorale publie les résultats du second tour de l'élection présidentielle qui a mobilisé 70% des électeurs. Le pays vit au ralenti, au rythme cadencé par le couvre-feu.
La Commission électorale indépendante (CEI) ivoirienne a annoncé hier que le taux de participation au second tour de la présidentielle, qui opposait dimanche le chef de l’État sortant Laurent Gbagbo à l'ex-Premier ministre Alassane Dramane Ouattara (ADO), s'élèvait à 70 % environ des 5,7 millions d'électeurs inscrits sur les listes électorales. Un chiffre plus faible qu'au premier tour, au cours duquel 83 % des électeurs inscrits s’étaient rués dans les bureaux de vote.
Attendues tout au long de la journée de lundi, les premières tendances pourraient être finalement dévoilées ce mardi à 10 heures (heure locale). La CEI a jusqu’à ce mercredi soir pour annoncer les résultats provisoires, qui seront ensuite soumis à l’avis du Conseil constitutionnel. Pour le moment, les Ivoiriens doivent se contenter des chiffres de la diaspora. Sur l’antenne de la Radio télévision nationale (RTI), la CEI a annoncé, hier soir, les scores obtenus par les deux finalistes dans 16 pays étrangers. Alassane Ouattara, candidat de la coalition du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), y récolte 59,97 % des suffrages. Laurent Gbagbo, qui concourt sous les couleurs de La Majorité présidentielle (LMP), obtient 40,03 % des voix.
Un second tour "globalement démocratique", selon l'ONU
En attendant les résultats de l’intérieur du pays, les états-majors des deux camps, qui se sont engagés à plusieurs reprises à respecter le verdict des urnes, se disent confiants. Mais dénoncent, l’un et l’autre, des irrégularités et des obstructions un peu partout dans le pays… La Majorité présidentielle (LMP), sous les couleurs de laquelle concourt Laurent Gbagbo, évoque "un scrutin non-transparent" dans le nord, bastion de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), où deux personnes auraient trouvé la mort dimanche, selon le ministère de l’Intérieur. Un bilan que le cabinet du Premier ministre, Guillaume Soro, a qualifié de "dangereusement partisan".
Du côté du RHDP, on fustige les intimidations et les pressions exercées sur des électeurs dans le sud-ouest et dans le centre-ouest du pays, où l’Onuci a confirmé la mort de trois personnes hier (deux militaires et un civil). Des incidents qui pourraient amener la CEI à réexaminer les résultats des bureaux de vote concernés mais qui ne devraient toutefois pas remettre en cause le vote de dimanche.
Lors d’une conférence de presse organisée hier, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Côte d’Ivoire, Young-Jin Choi, a affirmé qu’en dépit de ces incidents, le second tour s’était révélé "globalement démocratique". Soucieux de couper court aux "rumeurs, soupçons et fausses alertes", le patron de l’Onuci a par ailleurs indiqué que le transport des procès-verbaux, dont l’organisation a la charge, s’était passé normalement. "Je ne doute pas que la volonté du peuple ivoirien sera respectée", a-t-il tenu à rassurer.
Une issue du second tour incertaine
À quelques heures de la proclamation des résultats, l’issue de ce scrutin censé rétablir l’unité d’un pays mis à mal par une décennie de crises politico-militaires reste incertaine. Durant la campagne du second tour, les deux finalistes n’ont pas ménagé leurs efforts pour s’attirer les faveurs de l’électorat de l’ancien président Henri Konan Bédié (1995-1999), arrivé en troisième position le 31 octobre avec plus de 25 % des voix.
Pour Laurent Gbagbo comme pour Alassane Ouattara, l’équation est assez simple : crédité de plus de 38 % des suffrages exprimés à l’issue du premier tour, le chef de l’État sortant doit s’adjuger la moitié des voix de son prédécesseur pour espérer sortir vainqueur du scrutin. ADO, qui a réalisé un score de 32,03 %, doit quant à lui rassembler les deux tiers de l’électorat de Bédié pour être en mesure de l'emporter. Si ce dernier a appelé à voter Ouattara au second tour, rien n’indique cependant que ses électeurs ont voté comme un seul homme pour le candidat du RHDP.
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