Après avoir été secouée par un tremblement de terre il y a dix mois, puis par un ouragan, Haïti est ravagée par le choléra... Malgré tout, les élections présidentielle et législatives sont maintenues le 28 novembre. Notre envoyée spéciale, Laurence Cuvillier s'est rendue sur place.
Dix mois après le séisme du 12 janvier, Haïti essaie de tenir debout. L’île caribéenne, actuellement ravagée par une épidémie de choléra, est menacée constamment par les explosions de colère d’une population à bout de force.
Depuis le séisme dramatique du début de l’année, les bailleurs de fonds, les ONG, les chefs d’Etat, les médias parlent de " reconstruire" Haïti. Mais peut-on vraiment parler de reconstruction, quand un million et demi de personnes vivent sous des tentes? Quand il s’agit de survivre, de répondre aux besoins les plus basiques (eau, nourriture, hygiène)? Quand les femmes n’ont plus les moyens de se protéger, et que des milliers de bébés non désirés naissent dans des conditions insalubres?...
A Port-au-Prince, réfugiés dans leur propre ville, les victimes du séisme ne cherchent pas encore à se reloger dans des conditions décentes. Ils pensent à améliorer un tant soit peu leur vie dans leur camp de fortune, où ils savent qu’ils vont rester sans doute des années encore.
En janvier, nous avions rencontré et suivi des dizaines de personnes : des vies, des corps brisés, à l’époque où personne n’avait la moindre idée de ce que serait l’avenir dans cette ville en ruines. Nous avons retrouvé certains d’entre eux. Que sont-ils devenus? Comment leur vie a-t-elle changé? Quelles traces ont laissé les terribles 40 secondes durant lesquelles la terre a tremblé le 12 janvier?
Jimmy avait perdu sa mère, son travail, sa maison était inhabitable à cause des fissures. Lourdie souffrait en silence, alors que personne ne pouvait soigner sa jambe écrasée par les décombres.
Comme l’immense majorité des Haïtiens, ils se sont reconstruit un quotidien avec les moyens du bord, dans une société bouleversée à tous les niveaux.