
Au lendemain de l’ouverture d'une enquête préliminaire à Paris, le porte-parole du gouvernement camerounais réagissait sur France24. Selon Issa Tchirouma, les accusations de détournement sont liées à l’approche de l’élection présidentielle.
Le porte-parole du gouvernement camerounais, Issa Tchirouma, a réagi jeudi soir sur l’antenne de France24 à la plainte visant le président Biya en dénonçant une manipulation politique, alors que l’élection présidentielle approche dans cet Etat d’Afrique centrale.
"L’approche de l’élection est le moment propice pour administrer les coups les plus sordides", a réagi M. Tchirouma, ajoutant que la plainte déposée par l’Union pour une Diaspora Active (UDA) n’était "qu’un coup d’épée dans l’eau".
Plus tôt dans la journée, M. Tchirouma avait dénoncé auprès de l’Agence France Presse une plainte instrumentalisée par des "commanditaires qui veulent ternir l'image du Cameroun à travers son chef d'Etat" ou sont eux-mêmes candidats à la présidentielle qui devrait avoir lieu en octobre 2011.
La double-casquette de Célestin Djamen
Le parquet de Paris a ouvert mercredi une enquête préliminaire suite à la plainte déposée par l’UDA – une association de ressortissants camerounais active en France et en Belgique – pour "recel de détournement de fonds publics". La plainte vise le président Biya, que l’UDA accuse d’enrichissement personnel. Paul Biya est à la tête du Cameroun depuis 1982.
En évoquant la présidentielle camerounaise et une tentative de déstabilisation politique, Issa Tchirouma vise indirectement l’auteur de la plainte de l’UDA, Célestin Djamen. Ce dernier est en effet à la fois président de l’UDA et probable candidat de l’opposition à la présidentielle sous les couleurs du Front Social Démocratique (SDF).
"Biya a éradiqué la corruption"
Issa Tchirouma, qui est également ministre de la Communication, a aussi rejeté les soupçons selon lesquels le président Biya possèderait en France un très confortable patrimoine. Des "mensonges grotesques", de la "diffamation" d’après M. Tchirouma, qui précise que "la sérénité de Biya est imperturbable" car "ces accusations ne le concernent pas".
En juin 2009, un rapport du Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD) pointait dans un rapport intitulé "Biens mal acquis, à qui profite le crime ?" les richesses qu'aurait accumulé Paul Biya en plus de 30 ans de règne à la tête du Cameroun. Le rapport évoquait l’achat de châteaux en France et en Allemagne, ainsi que de nombreuses sociétés dans les secteurs du bois et des mines. "Ce ne sont pas les accusations d’une ONG qui pourraient mettre à mal ces relations excellentes" entre Paris et Yaoundé, a ajouté le porte-parole du gouvernement camerounais.
"Biya a éradiqué la corruption", a-t-il précisé, prenant pour preuve le "nombre de collaborateurs accusés de corruption et mis en prison". "La lutte contre la corruption est le cheval de bataille numéro un du président", a conclu Issa Tchirouma.