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Les boursicoteurs jouent déjà avec la valeur supposée de Facebook

Facebook, que le monde des affaires suit de près, n’est pas encore coté en Bourse. Des sociétés spécialisées réussissent pourtant le tour de force d'effectuer des transactions financières sur le dos du géant du web. Explication.

Les spéculateurs n’en peuvent plus d’attendre que Facebook se décide enfin à entrer en Bourse. Aux dernières nouvelles, l’ogre du Web 2.0 ne compte pas y aller avant fin 2011. En attendant, les estimations sur sa valeur boursière n’en finissent pas de crever le plafond, atteignant actuellement près de 40 milliards de dollars.

Du coup, certaines sociétés ont décidé d’anticiper le mouvement. Elles proposent d’acheter et d’échanger des actions de Facebook, certes réelles, mais qui n’ont pour l’instant aucune valeur établie. Ces petits malins de la finance s’appellent EB Exchange Funds, Felix Investment LLC ou encore Green Crest Capital.

Ils ne le confirment pas sur leur site qui se borne à indiquer qu’ils sont spécialisés dans les transactions d’actions d’entreprises sur le point d’entrée en bourse. La chaîne économique américaine Bloomberg a pu réussi à obtenir la confirmation de l'existence de telles opérations un peu particulières auticipant sur l'introduction de Facebook en Bourse.

Une affaire de montages financiers

EB Exchange vient d’acheter pour 15 millions de dollars d’actions du célèbre réseau social, affirme Bloomberg, et les propose à l’achat à condition de mettre au moins 100 000 dollars sur la table. En contre-partie, ces sociétés prennent un pourcentage de l’investissement de ces boursicoteurs.

Mais comment peut-on échanger des actions d’une entreprise qui n’est même pas encore cotée ? En fait, certaines sociétés, comme Facebook, distribue à leurs employés des parts du groupe. Ces derniers peuvent être tentés, lorsque la petite start-up commence à prendre du poids, de les revendre pour se faire de l’argent.

Des fonds spécialisés comme EB Exchange sont alors à l’affût de ce genre d’affaires. Reste que, comme les sociétés qui sont ainsi allégés de leurs actions ne sont pas encore en Bourse, il n’est pas légalement possible de faire n’importe quoi. Une entreprise non cotée ne peut ainsi pas compter, en droit américain, plus de 499 investisseurs. Et si la demande, comme pour Facebook, est très forte ? Il faut alors savoir ruser.

Bienvenue dans le monde des produits financiers dérivés. Ces montages, largement décriés lors de la crise des subprimes, sont utilisés dans des cas comme celui des entreprises non cotées. La société qui détient les titres crée un fonds qu’elle remplit d’actions Facebook. Ainsi, des centaines de personnes peuvent y investir sans qu’ils soient considérés comme actionnaires directes de Facebook.

Une opération qui n'est pas sans risques

Tout le monde est censé y trouver son compte. "Des groupes comme Facebook n’ont plus besoin d’argent d’investisseur tandis qu’il y a beaucoup de gens qui veulent tout de même parier sur eux ; alors il faut bien trouver un moyen de les satisfaire", explique le propriétaire d’un des fonds à Bloomberg. Facebook aussi profiterait de cette activité. "Les employés qui vendent leurs parts ne seront plus enclins à faire pression sur les dirigeants pour qu’ils entrent en Bourse", poursuit-il.

Reste que ces opérations hautement spéculatives ne sont pas sans risques. Les investisseurs ne connaissent absolument pas l’état financier exact du groupe mais se décident uniquement d’après la rumeur du moment. Qui sait ce qui peut se passer d’ici à l’introduction en Bourse ?

Si pour Facebook, tout le monde s’attend à ce que le groupe continue à prendre de la valeur, ces opérations ne s’arrêtent pas à cette icône du web. SecondMarket.com, un site spécialisé dans ce genre de transaction, prévoit que son chiffre d’affaires va tripler cette année. Les cibles, comme Twitter, LinkedIn ou autres, de l’appétit des spéculateurs, sont en effet légion.

Crédit photo : Flickr/Waffler