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Violents affrontements entre la police et les narcotrafiquants à Rio

Depuis le début de la semaine, de sanglants affrontements opposent narcotrafiquants et policiers à Rio. Cette escalade de violence jette un doute sur la capacité de la ville à assurer le bon déroulement du Mondial-2014 et des JO-2016.

AFP - Après trois jours de violences dans les rues de Rio où des bus ont été incendiés et des postes de police mitraillés, douze trafiquants de drogue présumés ont été tués dans des opérations policières menées dans les favelas.

Mercredi, dix trafiquants ont été tués par la police entrée en force dans des favelas alors que la veille deux autres étaient morts au cours d'échange de tirs entre narcos et forces de l'ordre.

Cette escalade de violences déclenchées lundi à l'aube jette une nouvelle fois un doute sur la capacité de Rio d'organiser en toute sécurité les deux principaux événements sportifs de la planète, le Mondial de football en 2014 et les Jeux Olympiques en 2016.

Dans la nuit de mardi à mercredi, dix-huit véhicules dont cinq autobus et un mini-bus ont été incendiés et un poste de police mitraillé. Des images de bus en flammes dans divers quartiers de la ville passaient en boucle à la télévision.

Les attaques de la nuit, qualifiées de scènes de "guérilla" par la presse, ont eu lieu sur de grands axes routiers, tels que la "Linha vermelha" qui conduit à l'aéroport international, semant la panique dans divers quartiers de la ville de plus de six millions d'habitants.

Le gouverneur de Rio, Sergio Cabral a lancé "un appel au calme" à la population.

"Ces actions ne sont pas une menace mais un acte désespéré des criminels", a dit le gouverneur à la radio CBN.

Dans la plupart des cas les assaillants interceptent le véhicule, font descendre les passagers, l'arrosent d'essence et y mettent le feu. Dans les quartiers sensibles de la banlieue nord et ouest, de nombreux écoliers ont préféré rester chez eux.

Selon les autorités, ces violences sont une riposte à la création il y a deux ans des Unités de police pacificatrice dites UPP qui visent à rétablir la paix et les services de l'Etat dans les quartiers pauvres contrôlés par les trafiquants.

Le but des narcos est de "terroriser" la population et d'intimider le guvernement local, affirment les experts en violence.

Le secrétaire à la Sécurité de l'Etat, José Mariano Beltrame, a déclaré que d'après les services de renseignement, deux grandes factions rivales de narcotrafiquants ont fait une trêve pour s'unir et tenter de déstabiliser les UPP qui les a chassé des favelas.

Il s'agirait du Comando vermelho et de l'ADA ("amis des amis") qui dominent les deux plus grandes favelas de Rio, celles de la Rocinha (sud) et du Complexo do Alemao (nord).

M. Beltrame avait prévenu merdi soir qu'il "durcirait" la répression si les violences continuaient.

"Les perdants seront ceux qui parient sur la destabilisation. C'est ce que les bandits essayent de faire avec ces attaques (...) Si les violences continuent nous doublerons les effectifs de police", a-t-il affirmé.

Mercredi, 1.200 policiers ont été sortis des bureaux et mis dans la rue et toutes les casernes ont été mises en alerte.

En réponse à ces violences déclenchées dimanche, les autorités avaient déjà mobilisé des centaines de policiers pour investir vingt-deux favelas d'où viennent les trafiquants. Deux trafiquants présumés avaient été tués.

A ce jour, treize favelas, situées essentiellement dans les zones résidentielles, ont été pacifiées et plus de 200.000 habitants se sont affranchis de l'ordre imposé par les trafiquants.

A Rio, près de deux millions d'habitants (soit un tiers de la population intra-muros de la ville) vivent dans plus de mille favelas. D'ici à 2014, cent d'entre elles seront pacifiées.