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Qui après l'Irlande ?

L'Irlande devient le deuxième pays, après la Grèce, à recevoir une aide financière internationale. Et tout indique que d'autres États pourraient suivre. Parmi les pays les plus souvent cités : le Portugal, l'Espagne... et la France.

L’Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI) ont répondu favorablement à la demande d'aide formulée par l’Irlande. Un coup de pouce financier qui devrait s’élever entre 80 et 90 milliards d’euros. En contrepartie, Dublin a obligation de mettre en place un vaste plan de rigueur.

L’Irlande devient donc le deuxième pays européen, après la Grèce en mai, à être mis sous perfusion financière pour éviter une éventuelle faillite étatique ou une contagion à d’autres économies fragiles au sein de la zone euro.

Reste que les regards commencent déjà à se porter sur les prochains pays qui risquent de devoir solliciter une aide financière. À côté des suspects habituels comme le Portugal, des doutes commencent à peser sur la situation française et même sur le grand manitou économique européen qu'est l'Allemagne.

Le Portugal, le suspect numéro un. "Le Portugal devrait être le prochain sur la liste. Je ne sais pas si ce sera avant Noël, mais ce sera de toute façon inévitable l’année prochaine", estime Filipe Garcia, conseiller financier portugais au cabinet Informação de Mercados Financeiros.

Le Portugal souffre d’une faible croissance et d’un manque de compétitivité de ses entreprises sur le plan international. Conséquence : la dette publique gonfle et devrait, de l’aveu même du gouvernement, atteindre 82 % du produit intérieur brut (PIB) à la fin de l’année. Selon les analystes, Lisbonne devrait avoir de plus en plus de mal à trouver des capitaux sur les marchés pour se financer et serait donc contraint de demander de l’aide au FMI.

L’Espagne. Personne n’aimerait voir l’Espagne sombrer à son tour, mais tout le monde le craint. "L’Espagne est trop grande pour s’effondrer, et trop grande pour être renflouée", a résumé, vendredi, sur la chaîne américaine CNBC, l’économiste américain Nouriel Roubini, devenu l’une des voix les plus écoutées depuis qu’il a été le premier, en 2007, à prédire la crise mondiale.

Selon le FMI, une bonne partie des banques espagnoles (plus d’une cinquantaine d’établissements) ont fortement souffert de l’explosion de la bulle immobilière pendant la crise. Un effondrement du système bancaire ne serait donc pas exclu, mais pas avant deux ans. L’institution internationale craint que la déroute irlandaise ne donne des idées aux spéculateurs, qui pourraient parier sur des faillites bancaires en Espagne. Au risque d'accélérer et d'amplifier le phénomène.

La France. Le roi des pessimistes nourrit des craintes pour l'Hexagone. "La France, par certains aspects essentiels, n'a pas l'air en bien meilleur état que la périphérie [pays du Sud et Irlande]", a tranché, vendredi, Nouriel Roubini.

Ce Cassandre de l'économie mondiale déplore l’absence de véritable réforme structurelle en France, un déficit budgétaire élevé et un manque de volonté politique pour mettre en pratique le "nécessaire plan de rigueur". "C’est juste que la France n’en est pas encore au même point" que des pays comme la Grèce et l’Irlande, a-t-il néanmoins conclu.

L’Allemagne. Et si la crise irlandaise faisait chuter le "bon élève européen" du moment ? Certes, l’Allemagne, avec près de 3 % de croissance, semble actuellement être le seul pays européen à tirer son épingle du jeu, mais, comme pour l’Irlande, son secteur bancaire est loin d’être tiré d’affaire. Au sein de la zone euro, l’Allemagne est le pays qui, après l’Irlande, a injecté, en 2008, le plus d’argent dans ces banques en difficulté avec 180,94 milliards d’euros.

Le "Financial Times" a estimé, en septembre, que le système bancaire le plus menacé n'était ni portugais ni espagnol mais bel et bien allemand. "Il est dans son ensemble presque insolvable et le gouvernement doit se résoudre à sacrifier plusieurs établissements sous peine de faire face à de graves problèmes", écrit le célèbre quotidien économique britannique. La chute de la maison irlandaise rend le problème d’autant plus urgent que les banques allemandes détiennent 205 milliards de dollars d’actifs irlandais… Un record au sein de la zone euro.