
Le gouvernement "Fillon 3" a tenu son premier Conseil des ministres ce matin, avant la traditionnelle "photo de famille" sur le perron de l'Élysée. Nicolas Sarkozy a détaillé hier soir les chantiers qui attendent ce nouveau cabinet.
Il y avait foule ce mercredi matin dans les jardins du palais de l'Élysée. Le gouvernement "Fillon 3" s'est réuni pour la première fois en Conseil des ministres, avant d'être immortalisé par la traditionnelle "photo de famille".
Au lendemain d'une intervention télévisée au cours de laquelle il a justifié son remaniement ministériel auprès des Français, le président Nicolas Sarkozy s'est cette fois-ci adressé à son nouveau cabinet. Et c’est à la "solidarité" qu’il a appelé les ministres réunis.
"Faites attention à ce que vous dites"
"Selon Éric Besson [désormais en charge de l'Industrie, de l'Énergie et de l'Économie numérique], Nicolas Sarkozy a demandé aux nouveaux membres du gouvernement de faire attention à ce qu'ils disaient et de ne pas faire de déclarations intempestives", rapporte depuis l'Élysée Michaël Szames, spécialiste politique de FRANCE 24. Le Président aurait déclaré que les ministres formaient une équipe et qu'il fallait jouer "très solidaire, comme un pack au rugby".
"La volonté du Président et du Premier ministre est d'avoir une équipe resserrée et une unité sans faille. L'idée 'd'un pour tous et tous pour un', c'est un peu ça la feuille de route politique", a confirmé le nouveau porte-parole du gouvernement, François Baroin, à l'issue du Conseil des ministres. Il a précisé ne pas avoir noté d'évolution dans les rapports entre François Fillon et Nicolas Sarkozy. "Il y a [entre eux] une complicité naturelle dans un pacte de confiance", a indiqué François Baroin.
De son côté Maurice Leroy, qui fait son entrée dans le gouvernement en tant que ministre de la Ville, a déclaré sa fierté et son émotion à faire partie du cabinet. Nicolas Sarkozy a salué le retour d'Alain Juppé au poste de ministre de la Défense, "avec émotion et partage de souvenirs", a également indiqué François Baroin.
Mardi soir, dans une intervention diffusée sur trois chaînes nationales et suivie par 12,2 millions de Français, Nicolas Sarkozy a évoqué les chantiers principaux qui attendent le cabinet Fillon 3. Concernant la réforme de la fiscalité, le Président s'est implicitement dit favorable à la suppression du bouclier fiscal et de l'impôt sur la fortune (ISF). "C'était une demande de la majorité, c'est une bonne nouvelle pour les députés", estime Michaël Szames.
Le chef de l'État a également insisté sur la question de la dépendance, qui devrait être l'une des grandes réformes de la fin de son quinquennat. Il a annoncé sur ce sujet "une grande consultation" et des décisions pour l'été 2011.
"Pas d'annonces sur le fond"
Autres dossiers évoqués, celui de l'emploi et de l'immigration. Nicolas Sarkozy a reconnu que le débat sur l'identité nationale avait provoqué des "malentendus" mais a répété la nécessité de maîtriser les flux migratoires.
Le Parti socialiste a dénoncé ce matin le manque d'annonces sur le fond dans ce discours. "Il n'y a pas une seule annonce qui laisse entendre que sur les conditions d'existence des Français, quelque chose va changer", a estimé le porte-parole du PS, Benoît Hamon. "La seule annonce qui a été faite, c'est la suppression de l'ISF, c'est-à-dire pour les 600 000 personnes les plus favorisées de notre pays", a estimé l'ancien premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande.
"On pourrait dire que Nicolas Sarkozy se chiraquise, a commenté de son côté le politologue Stéphane Rozès sur FRANCE 24. Il s'adapte au centre de l'opinion publique avant, sans doute, de revenir à une phase plus sarkozyste."