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Les démocrates entament six semaines stratégiques au Congrès, avant que les nouveaux élus, en majorité républicains, prennent leurs sièges. Pendant un mois, ils vont tenter de faire adopter leurs lois, notamment en matière fiscale et budgétaire.

Il ne reste qu’un mois et demi aux alliés démocrates du président Barack Obama pour avancer sur des dossiers qui leur sont chers. Deux semaines après le sérieux revers subi par les démocrates aux élections de mi-mandat, les débats reprennent au Congrès américain. Il s’agit d’une période transitoire stratégique, appelée la session "lame duck" - littéralement "canard boiteux"- pendant laquelle les démocrates peuvent encore s’exprimer avant l’arrivée en janvier de la nouvelle majorité républicaine. Une majorité qui devrait donner un coup d'arrêt aux réformes du président Obama jusqu'à la fin de son mandat en 2012.

"La marge de manœuvre des démocrates est très limitée", estime Catherine Croisier, chercheur au Centre d’études transatlantiques. "Ils pourraient être tentés de faire passer toutes les lois qui leur tiennent à cœur tant que c’est encore possible, mais ce serait vu comme un coup de force par les Américains, qui ont majoritairement voté pour le changement", analyse la jeune femme sur le plateau de FRANCE 24.

Impôts et désarmement nucléaire

Les démocrates entendent cependant s’imposer sur les questions fiscale et budgétaire, deux sujets qui risquent de provoquer des débats houleux. Le camp de Barack Obama ne veut pas renouveler dans leur intégralité les allègements d’impôts accordés par Bush aux Américains, toutes classes sociales confondues. Au cours d’une conversation avec des journalistes, Barack Obama s’est montré ouvert à une prolongation temporaire des réductions fiscales pour les familles dites riches, gagnant plus de 250 000 dollars par an. Les républicains souhaiteraient, eux, une prolongation permanente de ces mesures, qui arrivent à expiration le 31 décembre.

La ratification du traité de désarmement nucléaire, signé avec le président russe en avril dernier, devrait également être l’objet d’un bras de fer avec les républicains. Pour adopter ce traité, le vote des deux tiers du Sénat – soit 67 élus – est nécessaire. Les sénateurs démocrates du Congrès ne sont, pour l'heure, que 57. "Ca va être difficile, mais des tractations sont possibles", commente Catherine Croisier. En échange de leur vote, les républicains exigent l’assurance d’une modernisation de l’arsenal nucléaire américain et le maintien d’une défense anti-missile crédible.

"Don’t ask, don’t tell" passe à la trappe

Entre le budget, la fiscalité et le désarmement nucléaire, d’autres dossiers considérés comme moins urgents risquent de tomber aux oubliettes. C’est le cas de la loi "Don’t ask, don’t tell",  qui impose aux militaires de taire leur homosexualité sous peine d’expulsion. En janvier, Barack Obama avait promis d’abroger cette loi. Fin septembre, à l’approche des élections de mi-mandat, le Sénat avait refusé d’aborder cette question divisant la population américaine. Craignant de déchaîner les républicains, les démocrates ne devraient pas davantage l’aborder au cours de la session "lame duck".

"C’est un sujet tabou, rappelle Catherine Croisier. Ce n’est pas une priorité pour le peuple américain et surtout, ce serait un violent sujet de discorde entre démocrates et républicains, ce que le président Obama veut éviter à tout prix".

En signe d’apaisement, le président américain doit recevoir jeudi des leaders de l’opposition à la Maison Blanche. Pour Catherine Croisier, ce geste est un message clair : "Barack Obama veut éviter l’impasse et le blocage pendant les deux ans de la cohabitation".