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Des tirs de missiles provoquent la mort d'au moins 15 personnes

Des tirs de missiles, provenant probablement d'un drone américain, ont fait au moins quinze victimes dans les régions du nord-ouest du Pakistan, zones fréquemment ciblées par les États-Unis dans leur lutte contre Al-Qaïda.

AFP - Au moins quinze personnes, des membres d'Al-Qaïda et des civils, ont été tuées vendredi par des tirs de missiles dans le nord-ouest du Pakistan, où les Etats-Unis ciblent fréquemment le réseau d'Oussama ben Laden, ont déclaré des responsables pakistanais.

Au moins sept civils dont trois enfants figurent parmi les victimes, selon ces sources.

Le dernier tir de missiles a fait "au moins sept morts, des dizaines de blessés", et les personnes tuées sont un homme de 45 ans, trois enfants dont un âgé de deux ans, son cousin et un autre membre de sa famille, ont indiqué des responsables locaux. La septième personne n'a pas été identifiée.

"Toutes les victimes étaient des membres ordinaires d'une tribu et n'étaient pas impliquées dans le militantisme" avec Al-Qaïda, a-t-on précisé de même source, alors qu'une précédente source avait indiqué que les victimes de ce tir étaient en majorité des membres d'Al-Qaïda.

"Deux missiles tirés probablement par un drone américain ont frappé une maison à Wana" où se trouvaient les victimes, a précisé à l'AFP un haut responsable de la sécurité.

Wana est la principale ville du Waziristan du Sud, un district des zones tribales du nord-ouest du Pakistan, connu comme un bastion des talibans et des extrémistes d'Al-Qaïda.

C'était la deuxième frappe de missiles vendredi contre des cibles dans cette région pakistanaise frontalière de l'Afghanistan.

Auparavant, dans le Waziristan du Nord, "un repaire de combattants islamistes a été détruit, au moins cinq combattants étrangers et trois locaux ont été tués", a indiqué à l'AFP un haut responsable des forces de sécurité, qui utilisent en général le terme "étranger" pour désigner des membres d'Al-Qaïda.

Les cinq "étrangers" étaient des "combattants d'Al-Qaïda", a précisé un de ses pairs, sans pouvoir dire qui étaient les autres.

"Trois missiles tirés par des drones se sont abattus sur une maison de la périphérie de Mir Ali", localité connue pour être une place forte d'Al-Qaïda, a déclaré à l'AFP un autre officier des forces de sécurité.

Ces deux responsables ont affirmé que les missiles étaient américains.

Mir Ali se trouve à quelque 25 km à l'est de Miranshah, le chef-lieu du district. "La maison visée ressemblait à une forteresse", a précisé une des sources.

Dans la région, seules l'armée américaine et la CIA qui opèrent dans l'Afghanistan voisin disposent de drones, des avions sans pilote.

Ces tirs de missiles sont devenus fréquents ces derniers mois dans les zones tribales et Islamabad proteste à chaque fois, pour la forme. Les médias américains et pakistanais rapportent régulièrement qu'il existe un accord secret entre les Etats-Unis et le Pakistan pour autoriser ces frappes.

Mais il s'agit des premières depuis que Barack Obama, qui a fait de la lutte contre les extrémistes en Afghanistan et au Pakistan l'une des priorités de sa politique, est devenu mardi le nouveau président des Etats-Unis.

Le président américain a ainsi démontré qu'à ses yeux, le combat contre les talibans en Afghanistan était indissociable de celui contre leurs bases arrière et celles d'Al-Qaïda dans le pays voisin.

Interrogée sur les tirs, la Maison Blanche a refusé de commenter l'information. "Comme vous le savez, je ne m'exprimerai pas sur ces questions", a déclaré le porte-parole de M. Obama, Robert Gibbs, devant la presse.

Les tirs de missiles que Washington ne commente ni ne dément jamais se sont intensifiés depuis août. Ces frappes n'épargnent parfois pas les civils, accusent les autorités pakistanaises.

Sous la pression de Washington, Islamabad, allié-clé des Etats-Unis depuis fin 2001 dans leur "guerre contre le terrorisme", a lancé récemment son armée dans de grandes offensives dans plusieurs districts des zones tribales.

Kaboul et Washington accusent les talibans de préparer et de conduire depuis ces zones la plupart de leurs attaques en Afghanistan, notamment contre les quelque 70.000 soldats des forces internationales qui combattent l'insurrection islamiste dans ce pays, dont la moitié d'Américains.

Les militants islamistes ont tué plus de 1.500 personnes en un an et demi dans une vague sans précédent d'attentats --essentiellement suicide-- dans tout le Pakistan.