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Reconduit au poste de Premier ministre, Al-Maliki doit former un gouvernement

À peine réélu président par les députés, le Kurde Jalal Talabani a reconduit le chiite Nouri al-Maliki au poste de Premier ministre, en vertu d'un accord sur le partage des pouvoirs. Ce dernier doit former un nouveau gouvernement.

AFP - Le processus politique pour la formation d'un nouveau gouvernement en Irak a été mis en marche jeudi après huit mois d'impasse, avec la réélection, quoique dans une ambiance tendue, du président Jalal Talabani qui va désigner Nouri al-Maliki Premier ministre.

Aussitôt après sa réélection lors d'une séance au Parlement boycottée par des dizaines de députés, M. Talabani, d'origine kurde, a annoncé son intention de charger M. Maliki, Premier ministre sortant chiite, de former le gouvernement.

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Explications de notre correspondant Lucas Menget, envoyé spécial à Bagdad

"Je vais demander à M. Maliki de former le cabinet", a-t-il dit en prêtant serment devant le Parlement.

Il a fallu un second tour pour élire pour un nouveau mandat de quatre ans M. Talabani par 195 voix sur 213, alors que 18 votes ont été invalidés.

Avant lui, le député sunnite Oussama al-Noujaifi de la liste Iraqiya du rival de M. Maliki, Iyad Allawi, a été choisi président du Parlement par 227 voix et 68 bulletins nuls.

Ce scénario de sortie de huit mois de crise, minutieusement préparé lors de trois jours d'âpres négociations, consacre la répartition ethnique et confessionnelle des trois plus importantes charges du pays: le président de la République doit être kurde, le Premier ministre chiite et le chef du Parlement sunnite.

Mais la marche du processus politique a connu une fausse note.

Peu avant le vote pour l'élection de M. Talabani, deux tiers (une soixantaine) des députés d'Iraqiya ont quitté la séance, en dénonçant le non respect selon eux des conditions fixées par leur liste à sa participation au scrutin.

"Nous avons décidé de quitter la séance car nous avons été au Parlement avec de bonnes intentions mais les autres nous ont poignardés dans le dos", a affirmé Saleh al-Moutlaq, l'un de ses dirigeants.

"Nous ne reviendrons pas sans garanties internationales. Il était prévu qu'après l'élection du président du Parlement et des deux vice-présidents, on procéderait à un vote levant le bannissement à l'encontre de trois personnalités d'Iraqiya accusées d'avoir été membres du parti Baas", selon lui.

La prochaine séance du Parlement a été fixée à samedi.

Fort de la première place de sa liste aux législatives du 7 mars, M. Allawi convoitait le poste de Premier ministre et s'est fait tordre le bras pour accepter de présider le Conseil national de la politique supérieure (CNPS), une nouvelle instance avec des pouvoirs exécutifs.

Dans un communiqué, sa liste a cependant posé quatre conditions à son acceptation de l'accord de sortie de crise: vote d'une loi créant le CNPS, l'examen par une commission ad hoc de la situation des prisonniers politiques, officialisation par écrit de l'accord de partage du pouvoir et l'annulation des décisions de bannir trois membres d'Iraqiya pour leurs liens présumés avec le Baas de l'ex-président Saddam Hussein.

Selon le député d'Iraqiya Moustafa al-Hiti, le président américain "Barack Obama a assuré M. Allawi que le CNPS serait un organe décisionnaire et que la loi l'instituant serait votée avant la formation du gouvernement". C'était Washington qui avait formulé l'idée du CNPS pour sortir de l'impasse.

Les Etats-Unis, qui devront retirer les quelques 50.000 soldats toujours déployés en Irak d'ici la fin 2011, ont salué l'accord comme un "grand pas en avant" et se sont félicités du fait qu'il comprend "les pôles majeurs des groupes ethniques et religieux et n'exclue ou ne marginalise personne".

Le déblocage de la crise politique fut ardu en raison de l'antagonisme opposant M. Maliki, accroché à ses fonctions bien que sa coalition n'ait obtenu que 89 sièges au scrutin, et M. Allawi qui accuse son rival d'accaparer le pouvoir.

"Dans les dernières minutes de la réunion mercredi, nos frères d'Iraqiya ont adopté une attitude de grande responsabilité en décidant de participer au gouvernement et à la réunion du Parlement", avait dit le dirigeant kurde Massoud Barzani.

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