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Le président de la Chambre des députés réclame la démisssion de Berlusconi

Gianfranco Fini, président de la Chambre des députés italienne, a réclamé dimanche la démission de Silvio Berlusconi et l'a invité à entamer des consultations en vue de la formation d'un nouveau gouvernement de centre-droit.

AFP - Le président de la Chambre des députés Gianfranco Fini a consommé dimanche sa rupture avec le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi en réclamant sa démission, une initiative qui aggrave encore la crise ouverte cet été entre les deux anciens alliés.

Silvio Berlusconi "doit prendre la décision (...) de remettre sa démission et dire que la crise est ouverte de fait" sinon les ministres pro-Fini, au nombre de quatre, quitteront le gouvernement, a déclaré Fini à Pérouse (centre) en clôturant la première convention nationale de son mouvement, Futur et liberté pour l'Italie (FLI) devant quelque 10.000 partisans enthousiastes.

Pour lui, il faut "arriver à une nouvelle phase (de la législature) au cours de laquelle on rediscute de l'agenda et du programme, on vérifie la nature de la coalition et la composition du gouvernement".

Cette proposition a été sèchement rejetée par les partisans de Berlusconi, qui, selon des indiscrétions citées par Ansa, a lui-même indiqué à quelques proches n'avoir aucune intention de démissionner. "L'avenir du gouvernement se décide au Parlement où on assume la responsabilité de voter pour ou contre", a lancé Ignazio La Russa, ministre de la Défense.

"Le gouvernement doit continuer à travailler dans l'intérêt du pays", ont affirmé, dans un communiqué conjoint, Sandro Bondi et Fabrizio Cicchito, ministre des Biens culturels et chef du groupe du Peuple de la liberté (PDL) à la Chambre des députés.

Dans un discours de près d'une heure, M. Fini a durement attaqué son rival, à nouveau empêtré dans des scandales sexuels, en regrettant une "décadence morale" dans la société italienne, alors que "les personnages publics doivent être des exemples".

Il a aussi repris son leitmotiv sur la "légalité" sans laquelle, a-t-il dit, "il n'y a pas de liberté", alors que le Cavaliere est poursuivi dans plusieurs procès.

Fini s'est également livré à une charge contre "un gouvernement qui ne gouverne pas". Il a notamment dénoncé la loi électorale, "une honte". Et s'en est pris à la Ligue du Nord, parti populiste anti-immigrés allié de Berlusconi, qui "ne s'intéresse à rien de ce qui arrive au sud du Po", le fleuve qui traverse le nord du pays.

Se démarquant de la Ligue et de Berlusconi qui s'est illustré récemment par une blague homophobe, Fini a plaidé contre "toute distinction et discrimination" entre "noirs et blancs, catholiques, juifs et musulmans, hommes et femmes, hétérosexuels et homosexuels, Italiens et étrangers".

Le président de la Chambre, qui commença sa carrière politique dans le parti néo-fasciste Alliance nationale, a ancré son mouvement dans "le centre-droit européen", plaidant pour un "nouveau pacte social" et une fiscalité plus favorable au sud du pays, défavorisé.

"Nous ne sommes pas contre le PDL, même pas contre Berlusconi, nous sommes au-delà du PDL et de Berlusconi, avec beaucoup plus d'ambition", a-t-il résumé.

M. Fini avait quitté fin juillet le Peuple de la Liberté (PDL), parti qu'ils avaient co-fondé un an plus tôt, pour créer sa propre formation.

Dans sa dissidence, il avait été suivi par une quarantaine de députés et sénateurs, privant Berlusconi de sa majorité absolue quasi-automatique à la Chambre et le mettant en difficulté au Sénat.

Ses partisans avaient toutefois accordé la confiance à Berlusconi en septembre, écartant, tout au moins temporairement, la perspective d'élections avant le terme de la législature en 2013.

Commentant ce discours, le leader de l'opposition, Pier Luigi Bersani, président du Parti démocrate (PD, gauche), a estimé que la crise politique était en train de "s'accélérer".