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La conception du moteur pourrait être à l'origine de l'avarie de l'A380, selon Qantas

Alan Joyce (photo), le DG de la compagnie australienne Qantas dont un Airbus A380 a subi une avarie moteur hier, nie tout problème de maintenance et avance une erreur "de conception". EADS répond que la sécurité de l'A380 n'est pas en question.

AFP - L'avarie moteur subie par un Airbus A380 de Qantas, premier incident de cette gravité pour le plus gros avion de ligne du monde, le contraignant à atterrir d'urgence, est peut-être due à un problème de conception des moteurs, a estimé vendredi la compagnie aérienne australienne.

"Cet incident est significatif. Il concerne un moteur Rolls-Royce. Il n'a évidemment pas mis en danger la sécurité de l'avion qui est dessiné pour pouvoir voler et faire ses missions avec trois moteurs"

Louis Gallois, président exécutif d'EADS, maison mère d'Airbus

Son directeur général, Alan Joyce, qui a révélé que plusieurs des pneus de l'avion avaient éclaté à l'atterrissage, a également indiqué que la compagnie espérait reprendre les vols de sa flotte d'A380 d'ici 48 heures après vérification de l'ensemble des appareils.

"Nous pensons qu'il s'agit fort probablement d'une avarie matérielle ou d'une question de conception...nous ne pensons pas que cela soit lié à la maintenance", a déclaré M. Joyce lors d'une conférence de presse.

L'Airbus A380 était équipé de moteurs Trent 900 du motoriste britannique Rolls-Royce, lequel a recommandé des examens sur l'ensemble des moteurs de ce type.

Ce moteur, spécialement développé pour le très gros porteur d'Airbus, équipe les appareils de Lufthansa, Singapore Airlines et Qantas.

"C'est un problème de moteurs et la maintenance des moteurs est faite par Rolls-Royce depuis leur installation sur l'appareil", a-t-il dit.

M. Joyce a également révélé qu'un autre moteur, proche de celui défectueux, ne s'était pas arrêté après l'atterrissage, soulevant des questions supplémentaires.

Qantas espère reprendre les vols de ses A380 d'ici 48 heures après des vérifications menées par Rolls-Royce à Los Angeles et Sydney, a-t-il également indiqué. "Nous pensons que ces vérifications seront terminées sur l'ensemble de nos A380 d'ici 24 à 48 heures".

Airbus de son côté a dépêché une équipe de six spécialistes arrivés vendredi à Singapour.

Deux autres compagnies dont les A380 sont équipés des mêmes moteurs Rolls-Royce ont annoncé des vérifications sur leurs appareils.

Singapore Airlines a cependant annoncé vendredi qu'elle avait repris les vols de ses Airbus A380 après les vérifications techniques nécessaires.

M. Joyce a également indiqué que plusieurs pneus de l'appareil avaient éclaté à l'atterrissage.

L'Airbus de Qantas a connu des problèmes six minutes après avoir décollé de Singapour en direction de Sydney, alors qu'il survolait l'île indonésienne de Batam, très proche de la ville-Etat.

Aucun des 440 passagers et des 26 membres d'équipage n'a été blessé.

Selon les premiers éléments, il s'agirait d'une avarie sur la partie arrière d'un des quatre moteurs. Il "a perdu son +capotage+ arrière", ce qui "a entraîné des dommages sérieux", a indiqué le bureau français d'enquêtes et d'analyses (BEA), qui va collaborer à l'enquête technique.

Des morceaux de métal, portant les couleurs de Qantas, ont "été éparpillés dans Batam, essentiellement dans des zones résidentielles", a indiqué un responsable policier, Bobby Baharudin.

Airbus a expliqué jeudi que les avions étaient "certifiés" pour pouvoir faire face à "ce genre de situation difficile" et voler sur trois réacteurs. "Nous ne minimisons pas l'incident mais c'est prévu par les procédures de certification", a-t-on ajouté.

L'A380, le plus gros avion du monde, capable de transporter plus de 500 passagers, est en service depuis 2007. Trente-huit exemplaires sont actuellement en exploitation et ils ont transporté plus de 6,5 millions de passagers à ce jour, selon Airbus.

L'appareil de Qantas avait été livré à la compagnie australienne le 19 septembre 2008 et a effectué 8.165 heures de vol.

Depuis son lancement, le "paquebot des airs" a connu des incidents techniques, mais aucun de la gravité du vol Qantas. En septembre 2009, un avion de Singapore Airlines assurant la liaison Paris-Singapour avait dû rebrousser chemin en raison d'une panne moteur.

L'action Qantas a perdu 1,04% à 2,86 dollars australiens vendredi à la Bourse de Sydney.