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Les Ivoiriens attendent les résultats de l’élection avec impatience

, envoyé spécial à Abidjan – La Commission électorale indépendante s’active pour être en mesure de donner les premières estimations mercredi, comme prévu. Nombre d’Ivoiriens craignent à présent que l’annonce des résultats ne s'accompagne de violences.

Au lendemain du lundi férié de la Toussaint, la capitale économique ivoirienne Abidjan a retrouvé l’effervescence des jours travaillés mais reste suspendue à l’annonce des résultats du premier tour de l'élection présidentielle à laquelle un nombre record d’Ivoiriens a pris part ce dimanche.

Selon la Commission électorale indépendante (CEI), le taux de participation avoisinerait les 80 %. L’un des chiffres "les plus élevés au monde", s’est félicité le représentant spécial de l'ONU en Côte d'Ivoire, le Sud-Coréen Young-jin Choi. Le scrutin a provoqué une mobilisation exceptionnelle, à la hauteur de cette élection considérée comme la plus ouverte depuis l’Indépendance, en 1960.

Quatorze candidats briguent le fauteuil présidentiel, mais seulement trois d'entre eux font figure de favoris. En quête d’une légitimité par les urnes depuis la fin théorique de son mandat en 2005, le président sortant et candidat du Front populaire ivoirien (FPI), Laurent Gbagbo est, fait inédit, opposé à ses deux éternels rivaux : l’ex-Premier ministre Alassane Ouattara, du Rassemblement des républicains (RDR), et l’ancien président déposé par un coup d’État en décembre 1999, Henri Konan Bédié, du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI).

Une nouvelle page de l’histoire de la Côte d’Ivoire est en train de s’écrire. Peut-être un peu trop lentement aux yeux des Ivoiriens…

Lenteur du processus

Pour l’heure, les électeurs doivent se contenter des résultats provisoires du vote de la diaspora que la CEI a égrenés toute la journée d’hier sur l’antenne de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI). Pour le reste, les procès-verbaux issus des bureaux de vote du pays sont toujours en cours d’acheminement ou de traitement à Abidjan. Un difficile travail qui, de l’aveu même du président de la CEI, Youssouf Bakayoko, accuse quelques lenteurs.

De son côté, la mission d’observation de l’Union européenne (UE) regrette le retard pris dans la transmission des résultats. "Il existe un décalage entre le comportement admirable des électeurs et celui des institutions ivoiriennes", a constaté le chef de la mission, Christian Preda, lors d’une conférence de presse. Déployés sur l’ensemble du pays, les 120 observateurs européens ont pu relever plusieurs défaillances dans près de 20 % des 935 bureaux auxquels ils ont eu accès. Quatorze d'entre eux ont d'ailleurs été écartés des opérations de compilation des voix. Autre motif d’inquiétude pour l’UE :

la qualité douteuse de certains PV qui ralentit le traitement des résultats.

Initialement prévue lundi soir, l’annonce des premières tendances pour la capitale économique Abidjan, qui concentre à elle seule plus d’un tiers de l’électorat du pays, devrait intervenir, ce mardi, en fin de journée. Soucieux de ménager les plus impatients, le patron de la CEI s’est engagé, hier soir, à délivrer les résultats provisoires dans les temps qui lui étaient impartis - à savoir mercredi au plus tard. Résultats que le Conseil constitutionnel devra ensuite valider.

Risque de troubles

En attendant, la tension se fait de plus en plus vive dans les quartiers généraux de campagne des principaux candidats. Pressés par leurs bases, les responsables des trois principaux partis affirment, chacun de leur côté, détenir des premières tendances les donnant en tête du premier tour, sinon vainqueur de l’élection. Le président burkinabè, Blaise Compaoré, médiateur dans la crise ivoirienne, était attendu, ce mercredi, à Abidjan, où il doit s’entretenir avec les candidats Gbagbo, Bédié et Ouattara.

Officiellement, les différents candidats à la magistrature suprême exhortent leurs partisans à respecter le verdict des urnes. Eux-mêmes se sont engagés auprès de l’Organisation des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) à accepter le choix des électeurs. Lundi, l'ONU et la France ont appelé les candidats à respecter le choix des électeurs.

Nombre d’Ivoiriens craignent que l’annonce des résultats ne donne lieu à des violences. Dans la capitale économique, plusieurs boutiques ont commencé à baisser leurs rideaux, et certains employés ont quitté leur poste pour rejoindre leur foyer. Afin d'enrayer tout débordement, un millier de gendarmes, de policiers et de militaires sont postés depuis le début de la campagne aux points stratégiques d’Abidjan. Quelque 12 000 soldats de l’Onuci, assistés de 900 militaires français de l’opération Licorne, sont également à pied d’œuvre dans l’ensemble du pays. Un important dispositif qui devrait demeurer en place jusqu’à la proclamation officielle d’un président.