
La crise a rattrapé les constructeurs de voitures français. En 2010, les ventes d'automobiles devraient être en baisse de 1 %par rapport à 2009. Principale raison de cette chute : la fin des mesures d’incitation telles que la prime à la casse.
"Chute significative des ventes de voitures au deuxième semestre 2010" : trois ministres ont décidé de tirer la sonnette d’alarme. Christine Lagarde, ministre de l’Économie, Laurent Wauquiez, le secrétaire d’État à l’Emploi et Christian Estrosi, ministre de l’Industrie ont fait part, dans un courrier adressé aux préfets et publié par le Journal du Dimanche, de leur inquiétude pour l’industrie automobile.
Sur l’ensemble de l’année, les nouvelles immatriculations en France sont en recul de 1 % par rapport à 2009, a prévenu dimanche Christian Estrosi anticipant l'annonce des chiffres officiels de mardi. Le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA) table sur 2 millions de ventes de voitures cette année, contre 2,3 millions l'an dernier. Un recul qui peut sembler étonnant alors que les voyants de l’économie se remettent lentement au vert après la crise mondiale, mais qui s’explique aisément pour la France.
Les causes. Depuis le début de la crise, l’industrie automobile faisait figure d’enfant chéri des pouvoirs publics. Le gouvernement avait, en effet, décidé de mettre en place des mesures d’incitation pour encourager les consommateurs à acheter des voitures. La plus emblématique – la prime à la casse – a permis aux constructeurs de profiter de ventes record en 2009. Mais depuis l’été, cette aide publique est une espèce en voie de disparition. D’abord abaissée en juillet, la prime à la casse va disparaître complètement au 31 décembre 2010. Conséquence : "la dégradation devrait perdurer au moins jusqu'à la fin du premier trimestre 2011".
Les risques. Ce n’est pas tant le triumvirat de l’automobile français – Renault, Peugeot et Citroën – qui devrait souffrir, mais plutôt les sous-traitants, tels Valeo ou Faurecia. Un rapport de la commission pour le soutien aux sous-traitants automobiles de février tablait alors sur 40 000 à 50 000 postes supprimés en 2010. Mais le gouvernement dresse, dorénavant, un tableau encore plus sombre. Cette difficile fin d’année menacerait "non seulement des emplois mais aussi les entreprises elles-mêmes", selon la lettre des trois ministres aux préfets. De nouvelles fermetures d’usines en perspective ? Probablement. La Banque de France estime que les usines du secteur de l’automobile tournent à 65 % de leur capacité de production et sous la barre des 80 % un site peut être considéré comme non rentable, selon des experts cités par le Figaro.
Les solutions. Attendre la reprise ou agir ? Les pouvoirs publics ne semblent pas prêts à patienter jusqu'à la reprise prévue pour mi-2011. C’est le but de la lettre ministérielle. Les trois membres du gouvernement y exhortent les préfets à faciliter l’accès au crédit pour les sous-traitants, à anticiper les éventuels plans sociaux à venir, et surtout à puiser dans le Fonds de modernisation des équipementiers de l’automobile (FMEA). Il reste encore dans les caisses 390 millions d’euros, sur un total de 600 millions. Néanmoins ces mesures ne règleront pas les problèmes structurels du secteur de l’industrie automobile en France. Contrairement à d’autres pays, comme l’Allemagne, les usines françaises produisent essentiellement pour le marché européen, alors que tous les regards des constructeurs sont tournés vers l’Asie et l’Amérique du Sud.